denis diderot

Nous sommes le 5 décembre 1766, à Brest. Le comte Louis Antoine de Bougainville, au commandement de la Boudeuse et de L’Etoile quitte le port breton pour un voyage de découvertes. Deux ans plus tard, il accoste à Tahiti dont il prend, brièvement, possession. Il est le premier navigateur français à avoir effectué un tour du monde. L’année suivante, en avril, c’est l’Anglais James Cook qui pose son pied sur l’île et rencontre les autochtones. À 162 ans de distance, en se basant sur les récits des deux navigateurs, Denis Diderot et Jean Giraudoux vont raconter chacun à leur manière, cette découverte de Tahiti. Leurs récits nous montrent le choc de deux civilisations à propos desquelles les deux auteurs conviennent que la plus primitive n’est pas toujours celle que l’on croit.

LA DÉCOUVERTE DE TAHITI

1000 Jours dans l’Histoire

Si le 18ème siècle est appelé siècle des lumières, ce n’est pas qu’une vue de l’esprit. L’époque se caractérise par son avidité dans la collecte et la transmission des connaissances. L’Encyclopédie, éditée entre 1751 et 1772 sous la direction de Diderot et d’Alembert,  en est le symbole le plus éclatant. La médecine, soutenue par la biologie, la chimie, la physique, ne sera pas en reste et va combattre l’ignorance et les croyances. Grâce à l’auscultation, notamment, les médecins vont porter un regard neuf sur le malade. Ils vont analyser son cadre de vie, répertorier et classer les maladies. Au dix-huitième siècle, les philosophes, l’église, le pouvoir politique et le corps médical vont comprendre l’importance de l’hygiène, de l’alimentation, de l’habitat, des conditions de travail : tout un savoir qui va profondément et durablement changer le rapport de l’homme à la société.

LE XVIIIE SIÈCLE ET LA MÉDECINE

Nous sommes au mi-temps du dix-huitième siècle, Denis Diderot, l’un des grands esprits des Lumières écrit :“Avoir des esclaves n'est rien ; ce qui est intolérable, c'est d'avoir des esclaves en les appelant citoyens.” A la même époque, le révolutionnaire français Louis Antoine de Saint-Just réfléchit à la question de la citoyenneté : “Tout le monde veut gouverner, personne ne veut être citoyen. Où est donc la cité ?” Plus d’un millénaire avant cela, au Ve siècle, Socrate précisait déjà sa place dans la cité: “Je ne suis ni Athénien, ni Grec, disait-il,  mais un citoyen du monde.” Revenu presque deux mille cinq cents ans plus tard, l’un des plus fameux sociologues du vingtième, Pierre Bourdieu,  pose la question,  dans le magazine « Les Inrockuptibles » : “Qu'est-ce qu'un citoyen qui doit faire la preuve, à chaque instant, de sa citoyenneté ?” Alors , comment en est-on arrivé là ? Comment s’est construit ce statut du citoyen à travers les âges et les cultures ? C’est ce que nous allons voir…

LA FABRIQUE DU CITOYEN

Nous sommes le cinq septembre 1760. Denis Diderot, l’un des principaux artisans de l’Encyclopédie, déclare dans une lettre « je suis un glouton ». Ce jour-là, en effet, il vient d’engloutir une tourte entière, trois ou quatre pêches, du vin ordinaire, du vin de Malaga et une grande tasse de café. Sa correspondance est d’ailleurs truffée de fromage glacé, liqueurs, anguilles, perdrix au chou, babas, pâtés. Quelques heures avant de mourir, le trente juillet 1784, il dévore encore une soupe, du mouton bouilli et de la chicorée. Mais si l’homme avoue ses excès de bouche, le philosophe fustige les errements de la gastronomie. C’est à la table de Louis XV que nous vous emmenons aujourd’hui.

À VERSAILLES, À LA TABLE DE LOUIS XV

Dans "Vous avez du courrier !" de Romain Detroy, plusieurs lettres de Denis Diderot, dont l'une envoyée à Voltaire en août 1766.

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Plusieurs lettres de Denis Diderot, dont l'une envoyée à Voltaire

Nous sommes en 1772, dans un essai intitulé « Sur les femmes », Denis Diderot, le philosophe des Lumières, l’auteur de « La religieuse » ou de « Jacques le fataliste et son maître », grand ordonnateur de l’Encyclopédie, ce « dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers », écrit : « La soumission à un maître qui lui déplaît est pour la femme un supplice. J’ai vu une femme honnête frissonner d’horreur à l’approche de son époux ; je l’ai vue se plonger dans le bain, et ne se croire jamais assez lavée de la souillure du devoir. Cette sorte de répugnance nous est presque inconnue. Notre organe est plus indulgent. » Regard masculin sur le refus féminin. Un regard qui traverse la société d’Ancien Régime, celle qui précède la Révolution française. Un monde dans lequel les traités de civilité assigne les femmes au devoir de réserve ou au silence, ou pire, peut-être, à la « feinte résistance » via les codes de séduction. Les héroïnes de la littérature sont gorgées de jeunes filles passives ou de princesses enfermées ou endormies, les deux parfois. Du moins est-ce ainsi que nous analysons, traditionnellement, le comportement de ces personnages de papier. Mais au fond, et si le Petit Chaperon rouge était plus émancipé qu’il n’y paraît ? Et si la Belle de la Bête n’était pas une jolie créature sous emprise ? Et si Andromaque était bien autre chose qu’une mère parfaite et une épouse modèle ? Et si ces femmes avaient toutes dit « NON » sans être entendues ? Et si leur refus avait été effacé par l’Histoire que racontent les hommes ? Plongeons-nous dans nos classiques… Invitée : Jennifer Tamas, agrégée de lettres modernes, enseigne la littérature française de l’Ancien Régime à la Rutgers University, dans le New Jersey, aux Etats-Unis. « Au non des femmes – Libérer nos classiques du regard masculin » » aux éditions du Seuil. Sujets traités : Denis Diderot,Lumières,Jacques le fataliste, La religieuse, Encyclopédie, femme, Ancien Régime, Révolution française, Chaperon rouge, Andromaque

Regard féminin sur les classiques de la littérature

Un Jour dans l'Histoire

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