Un Jour dans l'Histoire

Portrait de la militante Emma Goldman

A la fin des années 1890, lors d’une manifestation anarchiste, une jeune militante nommée Emma Goldman se lance dans une danse joyeuse lorsqu’elle est apostrophée par un camarade. Il lui ordonne d’arrêter un comportement qu’il juge frivole et nuisible à la cause. Elle remet aussitôt l’importun à sa place : « Si je ne peux danser dans ta révolution, je n’y prendrai pas part ». L’anecdote est rapportée par l’historienne Vivian Gornick dans son ouvrage récemment sorti aux éditions Payot : « Emma Goldman. La révolution comme mode de vie ». Née en 1869 en Lituanie au sein d’une famille juive, immigrée aux Etats-Unis en 1885, Emma Goldman intègre très vite les cercles socialistes et les luttes ouvrières dans une Amérique dont le rêve s’effrite sous le poids d’un capitalisme triomphant, de la misère et des inégalités croissantes. Elle y aiguise un caractère bien trempé, une plume alerte et une voix qui mobilise les foules. Elle devient une des figures importantes de la cause anarchiste et ouvrière du 20e siècle, une militante vigoureuse de la cause des femmes et, selon les mots de J Edgar Hoover, futur premier directeur du FBI, « l’une des femmes les plus dangereuses d’Amérique ». Dans « Lettres à l’Amant et autres textes sur la difficulté d’aimer, de faire l’amour et d’être libre » (Payot) Léa Gauthier, traductrice d’Emma Goldman, met en regard une sélection de textes de la militante et de lettres à son amant Ben Reitman. Ces écrits éclairent la pensée et le vécu d’une activiste qui pensait que la révolution sociale passait d’abord par une révolution des corps et de l’intime, car l’intime est politique. Au micro de Nicolas Bogaerts, Léa Gauthier rappelle combien les écrits d’Emma Goldman ont appelé à l’émancipation de tous et de chacune. « Lettres à l’Amant, et autres textes sur la difficulté d’aimer, de faire l’amour et d’être libre », préface et traduction de Léa Gauthier. Sujets traités : Emma Goldma, anarchiste, militante, Vivian Gornick , socialiste, luttes, ouvrières, misère, inégalités, femme, J Edgar Hoover, Nicolas Bogaerts