Un Jour dans l'Histoire

Sarah Bernhardt va où elle veut

Nous sommes le dix décembre 1896. Dans son journal, Jules Renard écrit : « Oui, oui, finissons-en : Sarah, c’est le Génie. Elle me remet droit, comme la foudre. Imaginez le plus bête des hommes. Il n’a pas de talent. Il le sait, et se résigne, mais, parfois, il se dresse avec un éclair dans les yeux et se dit : “Ah ! Si Sarah voulait dire seulement une ligne de moi ! Demain ! je serais célèbre. Sarah c’est le génie.” Imaginez le plus laid des hommes. Nulle ne l’aimera. Il le sait, et se résigne, mais, parfois, il songe : “Ah ! Si je pouvais vivre un peu près de Sarah, dans un petit coin ! Je me croirais le plus aimé des hommes. Je ne demanderais rien aux autres femmes. Les autres, c’est très gentil, très joli, mais, Sarah, c’est le génie. » Ainsi l’auteur de « Poil de carotte » évoque l’icône de la Belle Epoque, la reine de la scène, la muse d’Edmond Rostand : Sarah Bernhardt. Artiste et femme d’affaire qui va pulvériser les limites que la société de son temps impose à son sexe. Une voyageuse qui va triompher sur les scènes du monde entier. Une audacieuse qui va s’emporter pour la défense de Dreyfus, contre la peine de mort. Une être fantasque qui va bâtir, consciemment, sa légende, créant, soigneusement, sa réclame, son buzz. Sarah Bernhardt pour qui Jean Cocteau inventera l’expression « monstre sacré ». Invitée : Cécilie Champy-Vinas, conservatrice en chef et directrice du musée Zadkine. Co-directrice de l’exposition « Sarah Bernhardt – Et la femme créa la star », au Petit-Palais, à Paris, jusqu’au 27 août 2023. Sujets traités : Sarah Bernhardt, Jules Renard, Edmond Rostand, Jean Cocteau, monstre sacré, talent, comédienne, génie, Belle époque, Poil de carotte, triomphe, sexe, star