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La Première

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Histoire

L'Heure H

Mary Celeste

39 min

| Publié le 16/11/23

Atlantique nord, un début d’après-midi d’hiver. Le soleil, aujourd’hui, a décidé de ne pas se lever. La brume est tombée sur l’horizon à la vitesse d’un faucon chassant sa proie. Nous sommes sur un navire dont le pont, humide et glissant, est des plus dangereux pour les marins qui s’affairent dans les cordages et à la poupe. Le Dei Gratia, c’est le nom de ce cargo qui fend les vagues et l’écume, est dirigé par un capitaine respecté de la Navy. Il s’appelle David Morehouse. Il est dans la fleur de l’âge, et son œil est si perçant qu’on pourrait presque croire qu’il est un fils de Neptune. C’est d’ailleurs ce que pensent certains de ses hommes, à n’en pas douter, lorsqu’on observe les regards emplis d’admiration qui se posent sur l’élancé gaillard. Le temps, quand il est changeant, cependant, commence à lui donner des rhumatismes. Aux mains, surtout. Son rôle est de vérifier que tout se passe convenablement. Malgré le brouillard si épais qu’il pourrait en son sein dissimuler les pires démons des mers, Morehouse se décide à sortir de sa torpeur. Dans un grincement strident, la porte de sa cabine s’ouvre et sa silhouette, immense, attire immédiatement l’attention de l’équipage. Nous sommes le mercredi 4 décembre 1872, les vents se lèvent sur l’Atlantique nord, il est un peu avant 13 heures, et c’est l’heure H, de mon histoire.