L'Heure H

Madame de Montespan, la favorite de Louis XIV

Elle le regarde le sourire figé. Elle sait qu’elle ne le reverra jamais. En un éclair, elle se souvient de lui, au temps de leur jeunesse. De lui, en train de poser sur elle les yeux du désir. Poser sur sa peau / ses mains, ses lèvres et ses caresses gourmandes. Elle revoit leurs éclats de rire dans les bosquets où ils se sont aimés. Elle les revoit dans le bassin de marbre octogonal qu’il a fait construire pour leurs jeux amoureux. Aujourd’hui, son cœur est brisé. Pour toujours. Elle sait, à cet instant, qu’elle n’est plus rien pour lui. Elle a le port de tête altier, les épaules belles, l’allure royale. Les années ont peu de prise sur elle, quelques rondeurs tout au plus. Sa robe de taffetas est éclatante, mais dans ses yeux, on devine l’immense fêlure. Le chagrin de celle que l’on appelait autrefois « la sultane royale ». Une dernière fois, elle plante son regard dans le sien et scrute chaque détail de ce visage qu’elle a tant désiré. Autrefois, elle se serait brisée, elle aurait hurler, pleurer, user de son esprit vif pour le retenir. Mais cette fois, elle n’en fait rien. Elle sourit, simplement. Dignement. Tristement. Cette fois, c’est bien fini. Elle est résignée. Celle qui autrefois, au temps des Précieuses et de sa jeunesse, avait choisi de se faire appeler Athénaïs - du nom de la déesse grecque de la guerre - a définitivement perdu la bataille. Le combat de sa vie. Louis XIV s’éloigne de Madame de Montespan, et c’est l’Heure H de notre histoire.