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La Première

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Histoire

L'Heure H

Dali rencontre Gala

42 min

| Publié le 26/06/23

Paris, 20 novembre 1929. Il est aux alentours de 18h. C’est l’effervescence dans une galerie d’art située rue de Seine, dans le 6e arrondissement. Les jeunes artistes qui s’entassent dans le minuscule espace sont pour la plupart méconnus, ou du moins taxés de subversion. Presque tous surréalistes. Il y a là pourtant tout l’avenir de la poésie et de la peinture moderne. On y croise André Breton, le pape du surréalisme, son ami Aragon, le poète Robert Desnos, et surtout Paul Eluard, le poète surréaliste le plus en vue. Il publie déjà chez Gallimard. René et Georgette Magritte sont venus en voisins - ils viennent de quitter la Belgique et de s’installer en région parisienne. Il y a moins d’un mois, Wall Street s’est effondré, provoquant une série croissante de faillites. Un monde va s’écrouler, tandis qu’eux sont en train d’en ériger un nouveau. Le crash financier, y ont-ils prêté attention ? Pas sûr, plongés qu’ils sont dans leur insurrection artistique, dans leur incursion dans des zones inconnues. Peut-être le galeriste Camille Goemans est-il inquiet, sûrement : ces faillites vont freiner le marché de l’art, pense-t-il. Mais il n’a vraiment pas le temps de s’en soucier ce soir. C’est un Belge, poète, ami des surréalistes. Il a décidé de promouvoir les débuts de René Magritte. Mais ce soir, il inaugure une exposition pour le moins iconoclaste. Aux cimaises, partout, il n’y a que des toiles d’un jeune Espagnol inconnu : Salvador Dali. C’est sa première exposition à Paris. Goemans, qui a le nez fin, vient de signer avec lui un contrat de deux ans. Toutes les toiles de l’exposition seront vendues, entre 6 000 et 12 000 francs. Le vicomte de Noailles achètera pour un prix fou « Le Jeu lugubre », à peine terminé…Seulement voilà : Goemans a un problème, il fulmine. Le public réclame l’artiste, oui, mais l’artiste est absent. Juste un peu avant ce vernissage, Salvador Dali est bien venu à Paris lui apporter ses dernières toiles et ses derniers dessins, mais depuis, il y a deux jours qu’il a disparu. Timidité ? Désinvolture ? Caprice ? Il est presque 18h, c’est l’heure H de mon histoire.