Grandeur NatureEntre oliviers, savons et transhumance à Salon-de-Provence
Entre oliviers, savons et transhumance à Salon-de-Provence
73 min
| Publié le 19/01/24
Dans les Bouches-du-Rhône, entre Marseille et Avignon, la ville de Salon-de-Provence ouvre les portes de la plaine de la Crau. Au pied des Alpilles, Grandeur Nature découvre le bonheur parmi les senteurs et couleurs des paysages provençaux façonnés par les troupeaux. Salonesque, c’est le nom de l'olivier endémique de ce coin de Provence. Le mas des Bories le cultive avec d’autres variétés en terrasses dans un domaine très fragmenté donnant vue sur la montagne Sainte-Victoire. Une culture étagée traditionnelle du côté de Salon-de-Provence, mais qui réclame une main d'oeuvre importante. Claire, ingénieur agronome de formation, est fière de ses 6 ha aujourd’hui récoltés dans une démarche artisanale. La savonnerie Marius Fabre, c'est, depuis 1900, un savoir-faire sans pollution. Ici à Salon-de-Provence, au 148 avenue Paul-Bourret, ni colorant, ni parfum, ni additif chez ce fabricant historique. Un long tunnel voûté en pierres. Nous sommes dans le Parc naturel régional des Alpilles à Eyguières. « Cette construction ancienne est la bergerie de la Romanière », nous montre Claire chargée de mission pour La Routo. Traduisez la route en occitan. Ce long itinéraire de transhumance relie Arles dans les Bouches du Rhône à Cunéo dans le Piémont. Il traverse notamment les Alpilles et les Alpes de Haute-Provence. Alpilles, Camargue et Crau forment un triangle d’or de biodiversité. A Saint-Martin-de-Crau, on croise Axel, conservateur de la réserve naturelle nationale des Coussouls, un ancien delta en partie asséché. La Crau, c’est une plaine d’exception de 55 000 ha. Sous ses pelouses sèches, elle enferme jusqu’à 50 mètres de galets charriés par la Durance lors des premières glaciations il y a 200 000 ans. En provençal, les coussouls ce sont ces pâturages steppiques caillouteux couverts de lichens et d’herbes fines que l’on retrouve aujourd’hui dans l’ancien delta de la Durance. Et le Crau, c’est cette plaine en forme de mosaïque ponctuée de puits où les ovins se nourrissent jusqu’au début de l’été : avec le stipe chevelu, le brachypode rameux est l’herbe maigre la plus commune de ce milieu quelque peu hostile. Dans une vaste plaine bocagère entre le Rhône et les étangs de Berre en bordure de Méditerranée, le foin de Crau est coupé, séché et balloté trois fois par an. La première fauche se pratique au début du printemps. L’entreprise familiale du moulin de la Levade n’utilise ni herbicide, ni pesticide ; l’abondance d’eau et de soleil sur un sol riche en minéraux procurent l’essentiel.