Toni Morrison, grande dame de la littérature américaineEntrez sans frapper
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| Publié le 07/03/18
L'H.É.R.O.Ï.N.E. de Juliette Goudot : l'écrivaine américaine Toni Morrison, à l'occasion de la sortie de son livre « L'origine des autres » (Christian Bourgois Editeur). Dans cette série de six conférences prononcées à l'université de Harvard en 2016, Toni Morrison analyse les arguments du racisme afin d'établir et d'entretenir la domination d'une seule catégorie d'individus. Des récits d'esclaves à l'évocation des lynchages et des récentes violences policières, l'auteur démontre que la « définition de l'inhumain » censée justifier le sadisme de « l'asservisseur » ne saurait en vérité s'appliquer qu'à celui-ci. Mais si la couleur a été utilisée pour ainsi nier l'individualité de l'« Autre », nombre d'auteurs, tels Faulkner ou Hemingway, l'ont aussi largement entretenue, voire exploitée. En cette période marquée par la mondialisation et d'importants mouvements de population, souvent perçus comme des menaces, le combat de l'écrivain contre cette « obsession de la couleur » pourrait enfin nous permettre de nous avouer que l'étranger n'est, après tout, qu'une partie non reconnue de nous-mêmes. Par la finesse de ses analyses historiques, psychologiques et littéraires, Toni Morrison déploie toute l'élégance de son pouvoir de conviction, prouvant aussi que rien de ce qui est humain ne lui est étranger.