Un Jour dans l'Histoire

Antoni Gaudi : un fou ou un génie ?

Nous sommes le 7 juin 1926, à Barcelone. Antoni Gaudí, principal représentant du modernisme catalan, l’Art nouveau en Espagne, se rend, comme chaque jour, à l’église San Felipe Neri, pour prier. Mais ce 7 juin, en réalité, n’est pas un jour comme les autres, en chemin il est renversé par un tramway qui le laisse sans connaissance. L’architecte est gravement touché à la tête et à l’abdomen. Il est sorti sans papiers, ses vêtements sont usés, il a l’air négligé : on le prend pour un mendiant, les secours tardent. Des taxis passent, quelques badauds leur font bien signe de s'arrêter, mais les chauffeurs refusent d’embarquer le blessé. Il faut qu’un garde civil s’en mêle et oblige l’un des taximen à conduire Gaudi à l'hôpital. Trois jours plus tard, s’éteint le créateur de « La Sagrada Familia », ce poème mystique, aujourd’hui l’un des plus fameux monuments au monde. Ses funérailles sont célébrées en présence d’une foule immense. Sa dépouille est déposée dans la chapelle Notre-Dame-du-Carmel de la crypte de la basilique commencée quarante-quatre ans plus tôt mais toujours pas terminée. L’inscription sur sa pierre tombale rend hommage, si l’on traduit en français, à « un homme à la vie exemplaire, auteur de l'œuvre admirable qu'est ce temple, mort pieusement à Barcelone le 10 juin 1926, ici les cendres d'un si grand homme attendent la résurrection des morts. Qu'il repose en paix ». Bien des années plus tôt, le directeur de l'École d'architecture de Barcelone aurait déclaré, à la fin du cursus du jeune catalan : « Nous avons accordé le diplôme à un fou ou à un génie. Le temps nous le dira ». Interrogeons le temps … Invitée : Anne Hustache, historienne de l’art. Sujets traités : Antoni Gaudí, Barcolone, Art nouveau, Sagrada Familia , monument, fou, génie