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La Première

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Histoire

Un Jour dans l'Histoire

Le sport : une arme de la Guerre Froide

37 min

| Publié le 12/06/23

Nous sommes le 19 juillet 1952, à Helsinki. Il pleut des cordes sur le stade olympique de la capitale finlandaise. 70.000 spectateurs et spectatrices y sont rassemblé.e.s pour applaudir Hannes Kolehmainen, triple médaillé d’or aux J.O de Stockholm, quarante ans plus tôt, et Paavo Nurmi, coureur de fond, champion des années trente. Tous deux portent la flamme qui va allumer la vasque et ouvrir symboliquement une compétition d’envergure internationale qui s’est radicalement transformée dans un contexte politique de grande tension. C’est dans ce pays neutre que se rencontrent deux grands blocs en état de guerre froide, l’Est et l’Ouest. « L’URSS et les Etats-Unis vont se trouver face à face sur le sain terrain du sport », écrit le journal Le Monde deux jours plus tôt. Les participants sont divisés en deux villages olympiques distincts, l’un pour les membres du camp socialiste, l’autre pour le bloc occidental et les pays nouvellement indépendants. A Prague, le président du Comité olympique tchécoslovaque, Vilem Mucha, attire l’attention des athlètes et de la délégation, il dit : « Les jeux vont se dérouler dans un moment où partout dans le monde l’impérialisme américain se prépare à l’agression ». De son côté, le président du Comité national olympique des Etats-Unis encourage ses sportif à se méfier de ce qu’il nomme « les oreilles ennemies ». Il rappelle les Jeux d’hiver qui se sont tenus à Oslo, quelques mois plus tôt, et les huées dont les Américains ont été victimes, « provoquées, selon toute vraisemblance, ajoute-t-il, par des hommes disséminés dans l’assistance ». Pendant presque cinquante ans la Guerre froide a utilisé le sport international comme une scène d’expression de la rivalité entre l’Est et Ouest. Une histoire de performance et de compétition, d’affrontement psychologique et idéologique. Une histoire d’équilibre très fragile. Invité : Sylvain Dufraisse, docteur en histoire contemporaine de l’Université Paris 1