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Culture

Peter Knapp, la photo de mode pour Elle

Le photographe crée la ligne éditoriale du magazine de mode

17 min

| Publié le 04/02/24

Peter Knapp est né en Suisse alémanique en 1931. Il étudie à l’Ecole des Arts appliqués à Zurich. L’enseignement est influencé par les conceptions du Bauhaus. Il apprend la typographie, la peinture et la photographie, la mise en page et les techniques d’impression. Il s’installe à Paris en 1951 et il poursuit sa formation aux Beaux-Arts. Il devient le directeur artistique des "Galeries Lafayette" en 1955 et du magazine "Elle" en 1959. Il met à profit sa formation multiple pour créer la ligne éditoriale de l’hebdomadaire de mode fondé par Hélène Lazareff. "Elle" apporte à l’aube des sixties une révolution dans le monde de l’édition française. Elle s’adresse à toutes les femmes. Le magazine rompt avec les codes bourgeois hérités de "Harper’s Bazaar" qui s’adressait à la société américaine aisée. Hélène Lazareff veut tourner la page. La mode se démocratise. André Courrèges impose le prêt à porter et le magazine tend un miroir aux lectrices « libérées ». "Elle" qui s’affiche comme un outil d’émancipation est un magazine féminin qui présente la femme sur un pied d’égalité avec l’homme, mais "Elle" n’est pas un hebdomadaire féministe, malgré la présence dans ses colonnes de personnalités telles Simone de Beauvoir et Marguerite Duras. Aux States, Richard Avedon photographiait les célébrités et Irving Penn transformait les mannequins en sculptures. En France, Peter Knapp traduit le mouvement de la vie moderne et met le modèle en scène dans des postures dynamiques. La femme donne l’impression de voler ou de nager, projetée par un trampoline invisible ou couchée sur une table lumineuse transparente. Le photographe tourne autour de son sujet. L’image multiplie les diagonales et emprunte à la géométrie. Il filme parfois en 16 mm afin de choisir la pose idéale. La couleur apporte aussi une information essentielle sur le vêtement. Le dessin de mode tombe totalement aux oubliettes. Le modèle opère ses métamorphoses. Nicole de Lamargé, le mannequin au visage neutre, les sourcils rasés, prend les traits de Marylin Monroe ou de Greta Garbo. Les pages du magazine révèle le pouvoir du maquillage. La beauté est à la portée de toute femme. La lectrice est séduite. Une photo de Nicole de Lamargé parue dans "Sunday Times" en 1966 devient une icône, peu appréciée par son créateur. Peter Knapp photographie le modèle dans un ensemble blanc avec cagoule et fourrure signé Pierre Cardin. L’exception confirme ici la règle du mouvement. La femme est figée dans une attitude frontale. Mon temps, Peter Knapp, Musée de la Photographie de Charleroi, jusqu’au 26 mai 2024. Peter Knapp au micro de Pascal Goffaux