Nous sommes le 20 janvier 1943. Ce matin-là, Jean de Selys Longchamps, pilote belge de la Royal Air Force, décolle de Manston, dans le Kent. Sa mission: perturber le trafic ferroviaire entre Bruges et Gand. A bord de son Hawker Typhoon, il mène l’opération à bien. Mais plutôt que de rentrer à la base, il met le cap sur Bruxelles. Jean de Selys a une autre idée en tête: il va canarder les locaux de la Gestapo, la police politique des nazis, qui a pris ses quartiers au 453 avenue Louise. Après un vol en rase-motte de plusieurs minutes au-dessus de la capitale, à 9h05, en l’espace d’une vingtaine de secondes, il tire ses obus de 20 mm dans la façade sans toucher aucune maison mitoyenne et disparaît comme il est arrivé. Un acte d’une bravoure folle, qui va redonner le moral à l’ensemble de la population belge. A 9h05, le 20 janvier 1943, en pleine occupation allemande, Jean de Selys ouvre le feu sur le 453 avenue Louise, siège de la Gestapo. 9h05, c’est l’Heure H de mon histoire.

Place des Martyrs, en plein cœur de Bruxelles. Spectre sévère du néo-classicisme, l’historique ensemble architectural se dresse au milieu de la capitale belge en ce début d’après-midi de printemps. Sous les pavés impeccablement rangés de ce carré blanchâtre, 467 dépouilles reposent. Celles des premiers morts de la révolution de 1830. L’ancienne place Saint-Michel, alors, s’était drapée du destin des martyrs. Le vent se lève, et il fait frais. Dans sa BMW qui sent encore le neuf, dans un costume qui tire sur le bleu marine, René Thierry transpire à grosses gouttes. Les nouvelles qu’il vient de recevoir sont mauvaises. Il se passe quelque chose de grave, non loin de sa position. Déjà, la circulation dans la capitale se paralyse. Des bruits de sirène se mêlent aux klaxons, dans un capharnaüm qui emplit l’air et semble déranger l’éternel repos des stoïques bâtiments blancs. L’objectif du journaliste, c’est la rue Neuve. Il est tout près. 200 mètres, tout au plus. Mais il lui est impossible d’avancer. Pourtant il y a urgence. René Thierry peste, frappe le volant du plat de sa main. Et décide de s’arrêter, là, presque en double file, 2 roues sur le trottoir. D’instinct, il se dirige vers la première maison qu’il trouve. En respirant, il se rend compte que l’air semble déjà vicié. Aujourd’hui, c’est Bruxelles qui brûle. Nous sommes le lundi 22 mai 1967, la terreur s’élève au milieu des premières flammes d’un immense brasier. Il est 13h45 : c’est l’heure H de mon histoire.

L'incendie de l'Inno

L'Heure H

Nous sommes le 13 juillet 1977, il est 21h34. Dans le quartier Nord de Manhattan, proche de cette zone qu’on appelle le South Bronx, une rumeur commence à parcourir les rues. Il se pourrait bien qu’un orage finisse par rafraîchir l’air insurmontablement chaud qui restreint les moindres déplacements des habitants. En effet, depuis quelques semaines, une chaleur étouffante frappe la ville, atteignant, ce 13 juillet dans l’après-midi, les 100 degrés fahrenheit, soit 35 degrés Celsius. Quelques têtes réapparaissent à partir de 20 heures, lorsque la chaleur redescend un peu. Les pelouses de Central Park se remplissent alors de familles venues respirer un peu d’air pur. Dans la rue, les gosses font gicler les bouches à incendies pour s’arroser et rafraîchir l’asphalte encore brûlant du soleil de la journée. Soudain, un immense nuage noir émerge des brumes de chaleur pour surplomber la ville entière. On entend alors une première détonation, un coup de tonnerre qui secoue toute la métropole, du Bronx jusqu’à Staten Island. De cet immense cumulus menaçant jaillit alors un éclair étincelant, qui frappe le centre de Manhattan. Puis d’un instant à l’autre, l’obscurité totale. Plus un lampadaire, plus une lumière de restaurant, ni même le son d’un climatiseur accroché à une fenêtre. Sous l’effet de la foudre, toutes les grandes stations électriques alimentant la ville ont grillé, l’une après l’autre. En à peine quelques secondes, la ville se retrouve complètement plongée dans la pénombre. La plus grande métropole nord-américaine, qu’on aperçoit normalement rayonner jusqu’en Virginie par ses buildings et ses ponts, s’est faite éclipser. La ville qui ne dort jamais se retrouve soudainement contrainte au repos. New-York, le 13 juillet 1977, il est 21h34 : c’est l’Heure H de mon histoire.

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Le raid héroïque de Jean de Selys Longchamps

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