L'Heure H

Jacques Coeur, le palpitant du roi

Nous sommes aujourd’hui en Aquitaine, au cœur d’un été comme la fin du Moyen-Age en a encore rarement connu. Il n’a pas plu depuis des semaines. Le soleil, déjà, en ce tout début de matinée, brule d’une ardeur folle. Sur les toits des tours et des bâtiments de la forteresse de Taillebourg se reflètent ses lueurs et à l’intérieur de l’enceinte, les marchands et les badauds se saluent et échangent des amabilités somme toute classiques. Tout va bien, pour résumer. Rien ne semble pouvoir perturber ce début de journée aux allures de paradis. Rien, si ce n’est la cohorte de cavaliers venant de la Garde du roi et qui emprunte à vive allure le chemin bordant l’accès au château, bousculant certains passants à grands coups de cris et de bottes. La mine fermée, les porteurs d’uniformes à la fleur de lys dorée apparente sont suivis par une sommaire calèche. Elle est conduite par un homme patibulaire, dont les expressions faciales ne trompent pas : tous ces hommes sont envoyés par le roi lui-même. Et ils sont venus mettre quelqu’un sous les verrous. Pourtant, le notable que ces hommes viennent chercher est intouchable depuis de nombreuses années. C’est lui qui tient les cordons de la bourse d’un royaume qui se relève à peine de la guerre de 100 ans. Il s’appelle Jacques Cœur. Et les accusations portées contre lui sont lourdes. Très lourdes. Il est soupçonné de meurtre. Pas n’importe lequel. Celui de la maîtresse du roi Charles VII, Agnès Sorel. Nous sommes le 31 juillet 1451, il est 8 heures, et c’est l’heure H, de mon histoire.