L'Heure H

Surcouf, le tigre des mers

Golfe du Bengale. 7 octobre 1800. Début de matinée. Il est à peine 8 heures du matin. La mer est calme, seule une brise d’automne vient fouetter les mâts et les tricornes des marins du Kent. Ce navire, immense, invincible, se dresse là, en plein milieu du golfe, comme un étalon pavane parmi des juments. Cette arrogance se ressent jusque dans l’attitude des marins, qui orientent les voiles ou le gouvernail avec un air suffisant. Quand on bosse sur le Kent, regarder les autres de haut est une attitude. Robert Rivington, le capitaine, est en joie. Depuis déjà une heure, il n’a pas lâché sa longue vue. Le mastodonte fend les vagues, tandis que lui observe un intrigant et petit, tout petit navire au loin. Il semble le narguer. Le pavillon est Français. Comme par hasard … Rivington, le sourcil relevé, regarde du coin de l’œil ses officiers et leur lance : « Gentlemen, allons chasser de la grenouille ». Il ne croit pas si bien dire. Dans deux heures, il sera mort. Nous sommes le 7 octobre 1800, le soleil qui se lève est rouge sang. Il est 8 heures, et c’est l’heure H de mon histoire.