L'Heure H

Cockerill, la gloire par le fer et le charbon

Nous sommes le 29 janvier 1817. Charles-James Cockerill regarde la montre à gousset qu’il sort de son gilet de costume. Il est 11 heures. Nous sommes à La Haye, au cœur du tout nouveau royaume uni des Pays-Bas. « John, on doit se dépêcher, en voiture ! » Devant leur hôtel attend une berline sur laquelle un cocher est emmitouflé dans un grand manteau de fourrure. Le visage caché sous une casquette de velours, il tire machinalement sur une pipe qui semble bouchée. Devant lui, deux frisons, gigantesques, le souffle glacé sortant des naseaux, attendent. Leur croupe est droite, leur regard est fier. Ils toisent ces deux British qui s’apprêtent à monter à bord. Leur harnachement à la Française leur tient chaud et ils piaffent avec une impatience notable. Encore un dernier trajet en calèche, et les frères Cockerill pourront se lancer dans l’aventure. Dans quelques minutes, l’acte de vente du château de Seraing sera signé entre eux et le roi Guillaume Ier des Pays-Bas. Dans quelques minutes, la plus grande aventure industrielle de Belgique, enfin, va pouvoir démarrer. Il est 11h05 : c’est l’heure H de mon histoire.