L'Heure H

L’affaire Dominici

Nous sommes le 5 août 1952, il est 7h30 du matin. Il fait encore relativement frais à Lurs, petit village provençal situé dans la vallée de la Durance à 600 mètres d’altitude. Les deux gendarmes en képi et pardessus qui longent le bord de la nationale 96 qui relie Châteaux-Arnoult à Aix en Provence tentent de ne pas trop mouiller leurs bottes dans l’herbe encore trempée par la rosée matinale. Le soleil ne s’est pas tout à fait levé en cette matinée d’été et il fait encore brumeux sur les montagnes provençales. Les deux gendarmes ont été alertés une demi-heure plus tôt par un paysan du coin qui leur avait dit de ne pas trop trainer. Et en effet, quelle ne fut pas la surprise des deux policiers en se retrouvant né à né avec deux cadavres, gisant sur le bord de la route à quelques mètres d’une voiture garée. 7h30 du matin, c’est l’heure H de mon histoire. Il ne faut pas attendre bien longtemps avant l'arrivée sur les lieux du crime du commissaire Edmond Sébeille de la 9ème brigade de Marseille. Ce grand provençal à l’allure élégante, au crâne dégarni et aux rouflaquettes charnues ne porte lui pas le képi. Il arbore un trench-coat couleur mastic et un long pantalon en tweed. Immédiatement, le commissaire fait évacuer la scène du crime. En effet, en l’espace de quelques dizaines de minutes, badauds et premiers journalistes se sont rués sur les bords de la nationale 96 pour s’assurer de la véracité de la rumeur qui court dans toute la vallée : un couple de touristes a été assassiné.