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Chronique Economique

Les prix de l'immobilier font de la résistance

3 min

| Publié le 29/09/23

Vous vous en souvenez peut être, une grande banque belge tablait l'année dernière sur une chute des prix de l'immobilier au second semestre 2022. Eh bien, c'est tout le contraire qui se déroule, car les statistiques, en tout cas pour le premier semestre 2023, montrent même que les prix font de la résistance en Belgique. Alors c'est assez étonnant car la Banque centrale européenne a augmenté, comme vous le savez rapidement et très fortement les taux d'intérêt en Europe. Et on aurait pu s'attendre à une sorte de vases communicants entre la hausse des taux d'intérêt et puis une baisse relativement brutale des prix de l'immobilier en Belgique et ailleurs. Mais ce n'est pas, ou en tout cas pas encore le cas chez nous. Alors en France, par exemple, même à Paris, les prix ont baissé et c'est vrai que le prix au mètre carré est même redescendu sous les dix zéro zéro 0 €. Et comme l'écrivait joliment Jean-Marc Vittori, éditorialiste au quotidien français Les Echos, c'est la panique dans les beaux quartiers de Paris. Car il ne sera plus possible de s'acheter une voiture électrique en vendant l'équivalent d'un espace pour Wess. Mais revenons en à la résistance de l'immobilier en Belgique pour le marché secondaire, c'est à dire celui du logement ancien. Alors d'abord, cette résistance, elle s'explique par le fait qu'un bien immobilier n'est pas l'équivalent d'une action ou d'une obligation. On n'achète pas ou on vend sur un coup de tête. L'immobilier sert à la fois en effet de logement et d'épargne. Et donc quand les taux d'intérêt augmentent et que les prix devraient baisser, eh bien ces derniers ne baissent pas autant qu'il le faudrait. Pourquoi? Parce que les vendeurs potentiels font de la résistance. Ils ont en tête un prix et ils n'en démordent pas. Ils ne veulent pas brader, disent ils, leurs biens au nouveau prix attendu par le ou les acheteurs. Et puis n'oublions pas que dans le logement ancien, celui ou celle qui voulait vendre son appartement pour en acheter un nouveau plus grand, par exemple, eh bien il ne peut plus le faire aussi facilement que par le passé. Pourquoi? Mais pour la simple raison qu'il ou elle a souvent contracté un emprunt hypothécaire à il y a quelques années, donc à des taux très bas pour son bien immobilier, et que s'il doit vendre et acheter un appartement plus grand ou une maison, et bien la personne concernée devra s'endetter pour le solde, mais avec un taux d'intérêt nettement plus élevé. Et ça, évidemment, ça freine les ardeurs des vendeurs sur le marché secondaire, autrement dit sur le marché de l'immobilier d'occasion. Et ça, c'est aussi le résultat de la magie, si je puis dire, des taux d'intérêt. S'il y a bien un actif qui est ultra sensible à la hausse des taux d'intérêt, c'est bien l'immobilier. Il y a même un effet de levier négatif. En effet, une hausse des taux d'intérêt de 1 % correspond souvent à une hausse de la mensualité de 10 %. Et donc oui, cela pèse fortement sur le budget d'un ménage. Autrement dit, le pouvoir d'achat immobilier des Belges, mais plus globalement des ménages un peu partout dans le monde a fortement baissé suite à ces hausses de taux d'intérêt. Il n'y a donc pas pour le moment de crash de l'immobilier, pour la simple raison que dans la situation actuelle, la baisse des prix, elle, est remplacée par plutôt la baisse des transactions. Les ménages qui souhaitaient acheter temporise en attendant des jours meilleurs. Et d'ailleurs les banques le voient bien les ménages ont diminué fortement leur demande pour des prix hypothécaires. Et donc ce qu'on voit d'abord, c'est d'abord une baisse du nombre des transactions. Et de voir. Mes confrères du Soir ont publié les derniers chiffres de Statbel pour le premier semestre 2023. Et on découvre quoi? Que le nombre de maisons vendues a diminué de 23 % et celui des appartements de 16 %. Il n'y a donc pas de crash immobilier à attendre malgré la hausse des taux d'intérêt, pour la raison déjà indiquée. Quand les prix baissent, les vendeurs refusent de vendre et donc la chute attendue en tout cas par certains économistes, eh bien elle s'étale sur plusieurs années. Mais bon, le fantôme du crash immobilier reste toujours dans les esprits et chacun le sait, il est impossible d'enterrer un fantôme. --- La chronique économique d'Amid Faljaoui, tous les jours à 8h30 et à 17h30 sur Classic 21, la radio Rock'n'Pop.