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Chronique Economique

L'inflation n'est pas encore assez forte, la faute à qui ?

4 min

| Publié le 17/07/23

La semaine dernière, par exemple, les marchés européens ont signé leur meilleure semaine depuis trois mois, et cela grâce à l'inflation qui a baissé aux Etats-Unis. Si les investisseurs boursiers étaient ravis, c'est parce qu'effectivement l'inflation est en baisse. Elle a même été divisée par deux par rapport à 2022, en tout cas, aux Etats-Unis. Elle est aujourd'hui de 3 %, contre 8 % en 2022. En Europe, l'inflation est encore autour de 5,5 %. C'est donc un chiffre plus élevé qu'aux Etats-Unis. C'est normal parce que la Banque centrale européenne a commencé à lutter contre l'inflation avec plusieurs mois de retard sur les Etats-Unis. Puisque, vous vous en souvenez, l'inflation a d'abord été niée. Ensuite, ses dirigeants ont estimé qu'elle était temporaire. Et puis, quand ils ont vu qu'ils se sont largement trompés, c'était la panique à bord. Et c'est seulement à ce moment-là que la Banque centrale européenne a commencé à augmenter ses taux d'intérêt pour casser l'inflation. Et on va y arriver car tous les économistes sérieux vous le diront : entre le moment où une banque centrale augmente ses taux d'intérêt et le moment où ces derniers ont de l'effet, il faut compter entre un an et un an et demi pour voir l'impact sur l'économie réelle. Or, aux Etats-Unis, ça fait maintenant seize mois que la hausse des taux a débuté. C'est donc logique que l'inflation baisse comme elle le fait ou comme elle l'a fait ces derniers mois. Mais attention, la hausse des taux n'est pas terminée. Parce que, malgré la baisse de l'inflation, cette baisse n'est pas assez forte aux yeux des banquiers centraux qui pilotent nos taux d'intérêt. En effet, les prix de l'énergie ont baissé, les prix de l'alimentation sont aussi en train de baisser. Tout ça est vrai. Mais on le constate, la baisse n'est pas aussi forte que souhaitée. La faute à qui? Les uns diront que c'est la faute aux entreprises. Comme elles n'ont pas pu augmenter leurs prix pendant des années, elles se rattrapent aujourd'hui. Ensuite, il y a ceux qui blâment en quelque sorte les salariés et qui estiment que, profitant de la tension sur le marché de l'emploi, les salariés en Europe ont demandé une augmentation de leurs salaires qui alimente l'inflation. C'est ce que les économistes appellent l'inflation de second tour, avec le souci qu'à l'inverse du gaz ou du pétrole qui peuvent baisser après avoir augmenté, pas les salaires. Les deux visions sont correctes, sont justes. Sauf que la hausse des salaires est souvent inférieure à l'inflation. Mais comme il y a un ralentissement économique, cette tension sur le marché de l'emploi va sans doute se résorber et les salaires reviendront « à la normale ». Quant aux entreprises, elles ne peuvent pas continuer à augmenter leurs prix indéfiniment. D'ailleurs, la demande est en train de baisser justement à cause de ces hausses de prix. Donc oui, l'inflation devrait normalement baisser encore d'ici quelques mois. Lentement mais sûrement. Et donc, oui, en bonne logique, les taux d'intérêt pourraient baisser vers le milieu de l'année 2024. Mais ça, c'est un scénario sans surprise. Or, depuis trois ans, la vie n'a pas été avare en surprises. --- La chronique économique d'Amid Faljaoui, tous les jours à 8h30 et à 17h30 sur Classic 21, la radio Rock'n'Pop.