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Chronique Economique

Et si les États-Unis faisaient faillite ?

4 min

| Publié le 17/05/23

Et si les Etats-Unis faisaient faillite? Poser la question comme ça a l'air totalement saugrenu. Comment la première puissance économique mondiale pourrait faire faillite? C'est rigoureusement impossible, direz vous. Et pourtant, c'est la question qui se pose en ce moment et qui rend d'ailleurs très nerveux les marchés financiers. Et cette faillite pourrait techniquement avoir lieu pas plus tard que ce 1ᵉʳ juin prochain. En tout cas, c'est ce qu'a laissé entendre Janet Yellen, la secrétaire américaine au Trésor ou, si vous préférez, l'équivalent du ministre des Finances aux États-Unis. Ce scénario fait peur et on voit déjà des tradeurs se positionner sur le franc suisse, la valeur refuge suprême, exactement comme en 2011, lorsque le gouvernement américain avait aussi frôlé la faillite. On peut mesurer cette nervosité des marchés financiers aux coûts des CDS. Ces trois petites lettres désignent des produits financiers qui jouent un petit peu le rôle d'une assurance contre le défaut de paiement d'un emprunteur, que ce soit une société ou un Etat. Or, justement, ces CDS, ces instruments de protection donc, ont vu leur prix augmenter. Pour les Etats-Unis, cela coûte plus cher en ce moment de s'assurer contre une faillite de l'Etat américain que contre une faillite de la Grèce, du Brésil ou du Mexique. C'est donc complètement dingue. Et pourquoi cette nervosité aujourd'hui ? Parce que, justement, les deux partis qui dirigent les Etats-Unis ne sont pas d'accord entre eux pour relever ce que l'on appelle le plafond de la dette américaine. Ce plafond, c'est le montant maximum que peut représenter l'endettement des États-Unis. Or, on devrait l'atteindre d'ici le 5 juin, au grand plus tard, selon certains calculs. Quand ce plafond est atteint, c'est simple, l'Etat américain ne peut plus emprunter d'argent sur les marchés financiers et donc il ne pourra plus payer ses fonctionnaires, ni ses créanciers, ni ses fournisseurs. En bon français, ça s'appelle une faillite. Les démocrates disent qu'il faut donc relever ce plafond sans discuter. Et les Républicains disent qu'il n'en est pas question, sauf s'il y a des concessions. Autrement dit, les Républicains estiment que les démocrates sont des dépensiers et qu'ils doivent absolument baisser les dépenses publiques. C'est un dialogue de sourds qui a lieu en ce moment. Et pendant ce temps, là bas, l'horloge fait tic tac, tic tac, tic tac. Au fond, les marchés financiers sont très nerveux, mais on estime qu'un accord sera tout de même trouvé au dernier moment, comme cela a été le cas toutes les autres fois par le passé. Bref, que ce psychodrame fait partie d'une négociation serrée, mais ni les démocrates ni les républicains ne voudront que leur pays fasse officiellement faillite. Et dehors, le calcul a déjà été fait. Si le plafond n'est pas relevé et que techniquement les Etats-Unis tombent en faillite, le chômage passerait de 3,5 % à 9 %, le PIB national, donc la richesse nationale, chuterait de 4 % et les actions plongeraient de 30 %. Sans oublier que les taux d'intérêt monteraient en flèche et que plus personne ne voudrait acheter des obligations de l'Etat américain. Ce scénario de l'horreur du relèvement du plafond de la dette se pose pour la 421ᵉ fois dans l'histoire des Etats-Unis. Il montre que le vrai problème, au fond, c'est la taille de l'Etat. Jusqu'où peut-il grandir sans cesse ? C'est comme si un ménage venait voir son banquier parce qu'il est à sec et lui promet de mieux gérer ses économies pour ne plus être dans le rouge. Promis, juré, monsieur le banquier! Oui, sauf que ce ménage a donc menti 421 fois à son banquier. Que pensez-vous que ferait un vrai banquier ? Il fermerait le compte du ménage en question et enverrait un huissier saisir la voiture ou/et l'habitation du ménage en question. Mais ça, c'est dans la vraie vie. En revanche, les États ont cette capacité d'être hors sol, de ne pas respecter les règles qu'ils imposent eux mêmes aux ménages. Et donc ce mauvais film d'horreur va continuer aux Etats-Unis, mais aussi chez nous, en Belgique ou en France. C'est ce que disait Michel Audiard « À force de vivre à crédit, les ardoises deviennent des tuiles ». --- La chronique économique d'Amid Faljaoui, tous les jours à 8h30 et à 17h30 sur Classic 21, la radio Rock'n'Pop.