1000 Jours dans l’HistoireDANS L'ENFER DU GOULAG
DANS L'ENFER DU GOULAG
34 min
| Publié le 08/07/17
Nous sommes le 12 janvier 1937, à Moscou. Varlam Chalamov, journaliste, écrivain, est arrêté pour « activité trotskiste contre-révolutionnaire ». Il est condamné à cinq ans de détention et envoyé dans la Kolyma, cette région à l'extrême-est de l'URSS, au-dessus du cercle polaire arctique. Une région que l’on appelle le « pays de la mort blanche ». Chalamov veut mourir : mal nourri, abruti de travail dans les mines d'or, gelé par le froid polaire, battu par les autres détenus … Il survit. En 1943, il écope d'une nouvelle condamnation, de 10 ans , pour « agitation anti-soviétique ». Son tort : avoir considéré l’écrivain Ivan Bounine, prix Nobel de littérature, comme un classique de la littérature russe. Plus tard, dans ses « Récits de la Kolyma », Chalamov , qui aura passer vingt-deux ans de sa vie au goulag, écrit : « Il ne faut pas avoir honte de se souvenir qu'on a été un « crevard », un squelette, qu'on a couru dans tous les sens et qu'on a fouillé dans les fosses à ordures [...]. Les prisonniers étaient des ennemis imaginaires et inventés avec lesquels le gouvernement réglait ses comptes comme avec de véritables ennemis qu'il fusillait, tuait et faisait mourir de faim. La faux mortelle de Staline fauchait tout le monde sans distinction, en nivelant selon des répartitions, des listes et un plan à réaliser. Il y avait le même pourcentage de vauriens et de lâches parmi les hommes qui ont péri au camp qu'au sein des gens en liberté. Tous étaient des gens pris au hasard parmi les indifférents, les lâches, les bourgeois et même les bourreaux. Et ils sont devenus des victimes par hasard. »