Banc d'essai : la ville, ce terrain de sport

Le 15 octobre 1883 est inauguré le Palais de Justice de Bruxelles, en l’absence de son architecte et concepteur, Joseph Poelaert, mais en présence du Roi Léopold II. L’érection de ce bâtiment d’exception porte en elle l’histoire de nos institutions judiciaires et de leur place dans la vie politique et sociale de notre pays, dans notre imaginaire commun et notre patrimoine. Premier président de la Cours de Cassation, le Chevalier Jean de Codt revient pour nous sur les grandes étapes de cette histoire et de sa mémoire.

HISTOIRE DU PALAIS DE JUSTICE

1000 Jours dans l’Histoire

Le 14 février 1904, Edouard Empain donne corps à  un rêve fou: ériger aux abords du Caire une ville complètement nouvelle. Associé l'ingénieur Boghos Nabur Pachat, il achète les 2500 hectares de l'oasis d'Abassiah, à quelques kilomètres en dehors du Caire. «Je veux bâtir ici une ville. Elle s'appellera Héliopolis, la ville du Soleil», dit alors Edouard Empain qui fonde la même année à Bruxelles la Société des travaux publics du Caire pour réaliser ses desseins. Amélie d'Archet retrace cette histoire méconnue où plane la figure tutélaire de Léopold II, les fantômes de la puissante Belgique industrielle du 19e siècle, dans "Le Roman d'Héliopolis" (Ed. Avant-Propos)

LE ROMAN D'HÉLIOPOLIS

Le roi Léopold II marqua de son empreinte les sphères politique, diplomatique, économique et culturelle de son époque. Les représentations les plus variées de Léopold II se croisent, notamment sur le pan colonial de son héritage, sur un mode qui cristallisent autour de l'image du génie colonial ou du responsable de crime contre l'humanité. La personnalité de Léopold II a été contestée au point que la commémoration du 150ième anniversaire de son accession au trône a été annulée. Docteur en philosophie et lettres, professeur ordinaire honoraire ULg, Francis Balace dresse le portrait du Roi Bâtisseur, celui qui a obtenu à la conférence de Berlin la reconnaissance de l’État Indépendant du Congo et a régné sur une Belgique qui était alors la deuxième puissance économique mondiale.

LA PERSONNALITÉ TRÈS CONTESTÉE DE LÉOPOLD II

La mémoire de notre histoire coloniale est-elle sélective? Lacunaire? Quel rôle à l'espace public, ses statues, ses bâtiments historiques dans la pérennisation de cette mémoire et de son héritage ainsi que des images qui y sont liées? réconcilier les différentes acteurs et observateurs de cette histoire autour d'un récit commun qui prenne en compte tout sa complexité, inscrire les symboles glorifiant le passé colonial dans leur contexte pour en déchiffrer le sens et en comprendre les enjeux ignorés, c'est le but des visites décoloniales organisée par le collectif « Mémoire Coloniale et Lutte contre les Discriminations » (CMCLD). Kalvin Soiresse Njall, son coordinateur, est notre invité.

MÉMOIRE COLONIALE ET ESPACE PUBLIC

Nous sommes en 1972, à Bruxelles. L’entreprise ITT (International Telephone and Telegraph Corporation) décide d’implanter son nouveau site européen à l’angle des avenues Louise et De Mot, càd très exactement au-dessus du site historique de l’abbaye de la Cambre. S’il prenait à la ville de refuser, ITT menace de délocaliser ses activités à Paris. Une manœuvre qui porte ses fruits puisque l’échevin de l’Urbanisme, à l’époque Paul Vanden Boeynants, délivre le permis de bâtir. Les habitants du quartier s’inquiètent : le projet ne risque-t-il pas de dénaturer, gâcher la perspective ? Pas du tout, répond VDB, le bâtiment en question sera entièrement translucide. Massacre architectural dans la capitale, une histoire de la bruxellisation, c’est la leçon du jour …

MASSACRE ARCHITECTURAL : LA BRUXELLISATION

Avec   « Les Montréalais », portraits d'une histoire", l'historien et journaliste Jean-François Nadeau nous convie à un voyage photographique dans l'histoire des habitants de la métropole québécoise. Depuis les débuts de la photographie au 19es, jusqu'au milieu des années 1970, ces images, dont plusieurs sont inédites ou peu connues, dévoilent le visage changeant d'une ville. À tous les âges de la vie, de Saint-Henri à Westmount, à la maison comme dans la rue ou au boulot, dans les cirque itinérants du Far West ou les solitudes glacées, l'ouvrage porte une réflexion sur la manière dont la photographie, en tant que source historique, permet de multiplier les compréhensions d'une époque et de ses sensibilités.

LES MONTRÉALAIS

Nous sommes dans les premières décennies de la Belgique indépendante. Le nouvel Etat connaît un développement industriel impressionnant qui sera favorable à l’expansion minière. Cette évolution va transformer radicalement les paysages ruraux autour des voies d’eau en vaste zoning actif, de jour comme de nuit. Agglutinés autour de ces entreprises, crachant feu et suie dans un assourdissant vacarme métallique, les habitations ouvrières se multiplient sans ordre ni planification qui abritent une population qui doublera en l’espace d’un siècle. Quelles ont été les principales étapes de l’histoire du bassin minier franco-belge ? Nous partons sur les traces du diamant noir …

DIAMANT NOIR: LE BASSIN MINIER FRANCO-BELGE

Nous sommes en 1979. C’est cette année-là que Bruxelles choisit pour fêter officiellement son millénaire. Cependant, ce n’est que vers le milieu du 11è siècle que la ville proprement dite apparaît. Et il faut remonter bien amont pour retrouver des traces de présence humaine sur son territoire. Bruxelles sera au cœur des convoitises. Des Celtes aux puissants ducs de Bourgogne, en passant par les luttes féodales.

BRUXELLES: DES CELTES AUX DUCS DE BOURGOGNE

De nos places et de nos rues jusqu'aux côtes du tour des Flandres, le pavé est une pierre de touche incontournable de l’identité belge et bruxelloise. Marion Alecian, chargée de projet à l’ARAU, a codirigé avec Isabelle Pauthier le livre « Pavé de Bruxelles » réunissant une cohorte de spécialistes de l’histoire sociale, du patrimoine et de la mobilité. Cette somme passionnante et documentée, fruit d’un travail pluridisciplinaire, est un rappel de ce que la ville doit à son patrimoine routier et artisanal.

LES PAVÉS DE BRUXELLES

Les villes contemporaines sont généralement perçues comme étant issues des changements macro-structurels intervenus depuis deux siècles : industrialisation, transition démographique, croissance des échanges commerciaux et affirmation de l’appareil administratif des états. Leur développement comme leur structuration interne sont interprétés à la lumière de ces changements et de leur combinaison avec les transformations techniques, notamment les métamorphoses du transport. Des travaux récents soulignent toutefois l’influence d’autres activités et pratiques sociales sur la «fabrique urbaine», en particulier celles qui relèvent des loisirs (Stock, 2007).

QUAND ON SORT EN VILLE

Entre 1775 et 1840 la physionomie de Bruxelles va être bouleversée. L’ancienne cité médiévale va se transformer en une ville moderne, où l’architecture néoclassique devient omniprésente. Elle en est, toujours aujourd’hui, une des composantes essentielles. Ce patrimoine est emblématique des changements fondamentaux qui vont modifier, à l’époque, le visage de celle qui deviendra capitale de la Belgique et de l'Europe. Professeur au département Histoire, Arts et Archéologie de l’Université Libre de Bruxelles, Christophe Loir raconte les étapes de cette métamorphose dans son livre "Bruxelles Néoclassique" (Editions CFC)

BRUXELLES NÉOCLASSIQUE

Remontons aujourd’hui, au deuxième siècle après JC. L’Empire romain est à son apogée. De 96 à 192, à Rome, ce sont les Antonins qui règnent en maîtres. Les Antonins :  une dynastie d’Empereurs qui a rompu avec la tradition de la transmission héréditaire du pouvoir. Âge d’or, a-t-on souvent dit,  à propos de cette période. Un siècle, en effet, marqué par l’embellissement des villes,une augmentation des richesses et une relative prospérité des populations.  Mais si certains de ces empereurs, comme Hadrien, furent plutôt pacifistes, d’autres, comme Trajan ou Marc-Aurèle, ont été des conquérants. Tous furent, en tous les cas, attentifs à leur image, et à sa diffusion aux quatre coins de l’Empire.

LE SIÈCLE DES ANTONINS

Les territoires que nous allons explorer se situent à Bruxelles, dans une période comprise entre le treizième siècle et la fin de l’Ancien Régime, au dix-huitième. Pour les promeneurs de l’époque, les usagers de la ville qui arpentent les dédales de rues et de ruelles, les églises et les couvents servent de principaux repères urbains. Il faut dire que l’on estime que ces institutions religieuses accaparent un peu plus de dix pour cent de l’espace, à l’intérieur de l’enceinte de la cité, soit cinquante hectares.  Ceux que l’on appelle les ordres mendiants, comme les franciscains, seront les premiers à s’y installer et à s’activer dans tous les domaines de la vie. Période prospère à laquelle succèderont des temps plus difficiles.

BRUXELLES, DES REMPARTS AUX BOULEVARDS

C’est en 1795 que les Français annexent les Pays-Bas autrichiens à la République.  Il va s’en suivre une période de profondes réformes économiques. C’est le cas dans le domaine de la charité. Jusque-là, elle était privée, aléatoire et arbitraire. Sous les Français, elle devient chose publique, domaine de l’Etat, et va se fonder sur trois piliers : le droit de chacun d’obtenir un travail, le devoir d’en chercher un et la nécessité d’aider ceux que l’infortune ou le malheur en prive. Des principes toujours d’actualité.

LA LONGUE MARCHE VERS L’ASSISTANCE PUBLIQUE

Le trente mai 1856, le collège des bourgmestres et échevins de la ville de Bruxelles décide la suppression des pompes publiques : colère des habitants. Cet épisode n’est qu’une des très nombreuses étapes de la vie et de l’évolution du quartier royal où nous vous emmenons aujourd’hui. Du début du dix-neuvième siècle à l’aube du vingtième. Une époque au cours de laquelle, parmi d’autres innovations, transformations, destructions aussi, la ville organisera, par exemple les premiers transports en commun grâce à des tramways hippomobiles, càd tirés par des chevaux. Une époque où l’on voit encore débarquer les sœurs Brontë, au pensionnat Hegel et se développer la très puissante banque d’Outremer.

COMMENT VIVAIT-ON AU QUARTIER ROYAL

Nous sommes à Bruxelles, le 13 mars 1857. Dans une note à l’attention du directeur de la ferme des boues, Charles de Brouckere, alors bourgmestre, écrit : « Monsieur, je viens d’être informé que des excréments humains, en assez grande quantité, se trouvent déposés le long du grillage de l’observatoire, sur le boulevard et dans les fossés attenants. Je vous invite à donner ordres nécessaires afin qu’il soit procédé à leur enlèvement et de faire exercer une surveillance active pour empêcher que de pareils faits se reproduisent. » L’histoire des toilettes publiques du Moyen Age à nos jours, voilà ce que l’on vous propose, aujourd’hui.

LES TOILETTES PUBLIQUES

Nous sommes le 15 juin 1866. La ville de Bruxelles signe le contrat définitif des travaux qui vont transformer son centre. Il s’agit d’assainir le bas de la cité rendu insalubre par les eaux de la Senne et chemin faisant de modifier le profil de la population qui y vit,  la « gentrifier » si l’on voulait faire un anachronisme. Le chantier est gigantesque et ce ne sera pas une sinécure : suspicion, scandale, prise illégale d’intérêt, détournement de fonds, faillite, désintérêt des locaux  vont sérieusement compromettre l’aventure. Quoi qu’il en soit, ce projet d’envergure va totalement bouleverser l’organisation de l’espace public.

LA TRANSFORMATION DU CENTRE DE BRUXELLES

C’est dans un lieu réputé sale et nauséabond qu’on vous emmène aujourd’hui, là où s’écoulent toutes nos eaux usées ; bienvenue dans les Egouts de Bruxelles. Qu’ont-ils à nous apprendre de l’histoire de notre capitale ?

VISITE DES ÉGOUTS DE BRUXELLES

Nous sommes dans la seconde moitié du vingtième. A Bruxelles. Comme toutes les grandes villes d’Europe, la capitale belge doit faire face à de grands défis suite au développement vertigineux du secteur tertiaire provoqué par les mutations économiques de l’après-guerre, et à l’explosion de la circulation automobile. Le sort de Bruxelles est particulier parce que la ville est confrontée, dans le même temps, à un exode massif de ses classes moyennes attirées par les banlieues vertes. A l’heure où l’on s’interroge beaucoup sur la compétence de nos responsables politiques quant à l’aménagement du territoire, et alors que nos chers tunnels font grise mine, il est utile, me semble-t-il, d’observer d’où l’on vient.

AUTOMOBILE ET BUREAUX A BRUXELLES : LES MAMELLES DE LA MODERNITÉ ?

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urbanisme

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