Nous sommes le 28 juillet 1914. La journée qui s’achève a été chaude et celle du lendemain promet le même soleil radieux. Au même moment, très loin de la Meuse et de la Sambre, sur le Danube, la guerre a éclaté il y a plusieurs heures. Dans les villes wallonnes, hormis les plus éduqués, les mieux informés à travers la presse, très peu appréhendent le basculement, et dans les campagnes, on n’a pas le temps d’y songer : il faut préparer les moissons. Et de toute manière la Belgique est supposée être neutre, alors pourquoi s’inquiéter ? L’invasion et les massacres allemands du mois d’août vont ramener les Wallons à la triste réalité. Comment vont-ils vivre les années d‘occupation, c’est ce que nous allons voir…

LA WALLONIE DANS LA GRANDE GUERRE

1000 Jours dans l’Histoire

Nous sommes le 3 janvier 1917 à minuit, le long des rives de la Meuse, à Liège. Profitant d'une crue des eaux, un remorqueur, l'Atlas V, emporte vers la Hollande, outre son équipage, 107 passagers dont 94 recrues pour le front. Signalé par l’occupant allemand dès Argenteau, poursuivi par un auto-canot , le bateau éventre un pont à hauteur de Visé, arrache les barrières de protection, coule une embarcation ennemie armée de mitrailleuses, échappe aux intenses fusillades et aborde victorieusement à Eijsden, une heure plus tard. Aux commandes de cette téméraire et courageuse expédition : le capitaine Jules Hentjens.

L'EXPÉDITION DE L'ATLAS V, UNE HISTOIRE HÉROÏQUE

Nous sommes à l’été 1917. Devant la porte de l’établissement « L’Eléphant », à Hal. Une photographe allemande, Paula Deetjen, est en train tirer des clichés de la façade. Son assistant, en tenue militaire, surveille le matériel. Sur la prise de vue, on pourra voir son reflet dans la vitrine. En cet été d’une Guerre qui n’en finit pas, l’occupant entame le premier inventaire photographique du patrimoine artistique de la Belgique.

L'OCCUPANT ALLEMAND PHOTOGRAPHIE LA BELGIQUE

'Un problème de conscience particulièrement angoissant'. C'est ainsi que Jan Julia Zurné, chercheuse au Centre d'études et documentation Guerre et Société Contemporaine, analyse l'attitude des magistrats belges durant la Seconde Guerre mondiale face aux attentes ou aux exigences de l'occupant. C'est particulièrement vrai concernant la lutte contre les activités de la résistance. Quelles ont été conséquences de leur attitude tant pour eux-mêmes que pour les mouvements de résistance ? Malgré la politique notoire de moindre mal menée par le pouvoir judiciaire durant les premières années d'occupation, le ministère public a adopté une attitude de principe qui a fini par conduire au sabotage des enquêtes judiciaires. Les magistrats étaient conscients de la marge de manœuvre dont ils disposaient à l'égard du pouvoir occupant et l'ont bel et bien utilisée.

MAGISTRATURE, RÉSISTANCE ET VIOLENCE À BRUXELLES

Nous sommes le 14 mars 1942. C’est à Paris qu’est préparée l’introduction de « l’étoile jaune » ou « étoile juive ». Elle est introduite, en Belgique, par l’ordonnance du 27 mai suivant. Cette mesure signifie la fin de la période de réglementation antijuive par l’administration militaire et l’ouverture de la chasse et de la déportation des Juifs. L’été suivant, la première rafle se déroule à Anvers, dans la nuit du 15 au 16 août . 9998 personnes sont arrêtées. La deuxième, toujours à Anvers a lieu dans la nuit du 28 au 29: 1105 arrestations. Une troisième à Bruxelles, le 3 septembre : 718 arrestations. Une quatrième, de nouveau, à Anvers, les 11 et 12 septembre : 1240. Les soldats nazis inscrivent sur les portes des bâtiments le mot « Judenrein » : « sans juif ».

LES RAFLES DE JUIFS EN BELGIQUE

Nous sommes le 8 mai 1945. Libéré quelques jours plus tôt par les troupes françaises, Raymond De Becker arrive à Bruxelles, par le train. Il est 15h15. Aussitôt l’ancien rédacteur en chef du Soir « volé » est interpellé et arrêté. Incarcéré à la prison de Saint-Gilles, il est condamné à mort, le 24 juillet 1946, par le Conseil de guerre de Bruxelles pour avoir, notamment, « attenté à la sûreté de l’Etat et ébranlé la fidélité des citoyens envers le roi et l’Etat. » Observer le parcours de Raymond de Becker c’est regarder ce que fut la collaboration intellectuelle au cours de la période de la Deuxième Guerre mondiale qui déboucha sur l’illusion d’une Europe allemande.

RAYMOND DE BECKER, INTELLECTUEL ET COLLABO

Nous sommes le 3 octobre 1946, à Paris. Rendez-vous au premier Salon de l’automobile de l’après-Guerre. Attraction de la manifestation : une petite voiture construite dans la clandestinité, sous l’Occupation nazie. Elle est le résultat du rêve et de l’obstination d’une poignées d’homme qui ont voulu croire en la victoire des Alliés. Des hommes pour qui résister aura été d’imaginer que les jours meilleurs revenus, et malgré la crise qui, inévitablement succéderait à la Guerre, les moins nantis auraient droit, quand même, eux aussi, à leur voiture. Une voiture idéale, pour le peuple, qu’ils baptiseront, tout simplement, la 4CV .

LA NAISSANCE DE LA 4CV, CONSTRUITE SOUS L'OCCUPATION

En Belgique, une drôle de boite a été installée en plein centre de Herstal en région liégeoise. A l'intérieur : des architectes, ils vivent dans ce cube de jour comme de nuit. Ils sont en mission de repérage.

JT 13h

Herstal : observation de l'occupation de l'espace urbain

Durant la seconde Guerre mondiale, « Comète », l’un des plus grands réseaux d’exfiltration fut créé et dirigé par une jeune Belge intrépide : Andrée De Jongh. Couverte de médailles, auréolée d’une gloire bien méritée, Dédée – pour les intimes – connut ensuite une vie très différente, consacrée aux lépreux en Afrique…

ANDRÉE DE JONGH, LE  PETIT CYCLONE

Nous sommes le premier janvier 1795. A l’occasion des étrennes, les Bruxellois dénoncent le traitement que leur font subir les Français : « Quand vous nous aurez enlevé tous nos cuirs, tous nos plombs, toutes nos toiles, tous nos draps… est-ce avec des assignats que nous ferons nos souliers, des habits, des chemises ? Sera-ce avec des assignats que nous couvrirons nos toits ? Mangerons-nous de ces assignats quand nous n’aurons plus de grains ? Bientôt, nos ouvriers n’auront plus d’outils pour travailler et, si cela continue, il ne nous restera plus d’yeux pour pleurer, en attendant que la mort les éteigne. »

QUAND LA BELGIQUE DEVIENT FRANÇAISE

Nous sommes à la fin du mois d’août 1914, après ce que l’on appelle la Bataille des Frontières qui a fait rage entre la France et la Belgique. Deux jeunes soldats français, des poilus de vingt-deux ans, Alfred Richy et Camille Muller, tentent de rejoindre leur unité qui s’est repliée sur Verdun. Mais les troupes allemandes quadrillent la région, ils n’y parviendront pas. C’est tout près de Longwy qu’ils vont essayer de reprendre des forces, pendant quelques heures. Au final c’est plus de quatre années, exactement 1526 jours, qu’ils vont passer cachés dans un grenier, à l’arrière du front, loin des combats.

DEUX POILUS, QUATRE ANS CACHÉS DANS LE GRENIER

Nous sommes le 14 aout 1914. A Etterbeek.  Dix jours après l’invasion de la Belgique par l’armée allemande. Observons une photographie d’époque prise par un anonyme : Une scène d’extérieur, devant un bâtiment dont on ne sait rien. On y voit un groupe composé de quatorze personnes. Treize homme et une femme. Répartis en trois rangs, assis par terre, sur des chaises et debout. L’un des hommes, à la première rangée, au milieu, tient dans ses mains, devant sa poitrine, une pancarte sur laquelle on peut lire : « Paisibles Belges attendant …  les Allemands barbares ». Ou plus exactement, c’est ce que l’on pouvait lire, car la seconde partie du message a été effacée. Sans doute par l’une des personnes photographiées, sans doute par crainte des représailles sous l’occupation. Que nous dit cette image de la vie dans Bruxelles occupée ? C’est ce que nous allons découvrir…

BRUXELLES, VILLE OCCUPÉE

Nous sommes le 13 octobre 1914. Les ministres qui composent le gouvernement belge s’embarquent, à Ostende, sur la malle Pieter de Coninck. Quelques heures plus tard, le bateau arrive au Havre et c’est une population française enthousiaste qui accueille cette autorité en exil. Le point de chute est à quelques kilomètres plus loin sur le littoral, à Sainte-Adresse. C’est là, depuis cette petite station balnéaire huppée, que va se concevoir l’essentiel de la politique de la Belgique entre 1914 et 1918.

L'EXIL DU GOUVERNEMENT BELGE À SAINTE-ADRESSE

Nous sommes le 24 mai 1915, à Mons. Adolphe Hambye, notaire honoraire, est content. Comme ses concitoyens, il vient d’apprendre la confirmation de l’entrée en guerre de l’Italie aux côtés de Alliés. Bien sûr, l’annonce était attendue depuis plusieurs semaines déjà mais,  dans la cité du Doudou, elle prend un sens particulier, car on se préparait à autre chose. Depuis quelques jours, en effet,  courait le bruit que le lundi 24 mai un grand malheur s’abattrait sur la Belgique : c’est ce qu’avait prédit une voyante du Borinage. Cette prophétie ne fut pas la seule durant la Grande Guerre, riche en superstitions.

LES SUPERSTITIONS

Le douze octobre 1915, à Schaerbeek, un peloton d’exécution allemand fusille une infirmière britannique âgée de quarante-neuf ans. Elle a été condamnée à mort, la veille, avec d’autres membres d’un réseau d’évasion, pour avoir permis à plusieurs centaines de soldats alliés d’échapper aux occupants. Malgré la pression internationale, elle est exécutée pour haute trahison. Elle s’appelait Edith Cavell.

EDITH CAVELL

Le 15 octobre 1917, le corps d’une femme tombe lourdement dans les fossés de le forteresse de Vincennes, à l’est de Paris.Le corps est percé de trois balles. L’une a atteint le cœur. Ce corps faisait face à un peloton d’exécution qui,  dit-on, a été très impressionné par le magnétisme de la femme. L’agent double X21. Mata Hari. Condamnée et exécutée pour fait d’espionnage. Mata Hari qui, quelques années auparavant, était la reine de Paris de la Belle Epoque. On la croyait javanaise, elle venait d’une Hollande moins exotique. Elle avait convaincu tout le monde de la véracité du roman qu’elle s’était écrit. Prostituée, cocotte, danseuse nue. Mythomane et manipulatrice, amoureuse et envoutante, naïve et généreuse. Une espionne d’opérette en réalité, mais une très grande créatrice : l’auteure de sa propre vie … jusqu’à un certain point.

MATA HARI, ACCUSÉE D'ESPIONNAGE ET EXECUTÉE

Nous sommes en 1939. C’est cette année-là, entre février et mai, au « Paris -Studio Cinéma » de Boulogne Billancourt, que Marcel Carné tourne l’une de ses œuvres faisant partie, aujourd’hui, des classiques du septième art : « Le jour se lève ». Carné sort des succès de « Quai des brumes » et d’ « Hôtel du nord », on retrouve à l’affiche: Jean Gabin, Arletty et Jules Berry. Le film sort le 9 juin. C’est alors que la machine infernale se met en route : la censure de Vichy.

LA CENSURE SOUS VICHY

« Les historiens futurs devront prendre régulièrement en considération la quatrième arme, l’arme de la propagande » disait Goebbels, ministre d’Hitler. En 1939, l’Europe entre en guerre. Les ondes de la radio aussi. Le gouvernement belge, en exil, fait entendre la voix de la liberté et de la résistance depuis Londres, via les antennes de la BBC. Ici, les Allemands investissent l’INR (l’institut de radiodiffusion) et tentent de convaincre la population des bienfaits de ce conflit qu’ils n’ont, soi-disant ,  pas voulu. C’est la naissance de Radio Bruxelles, la radio de propagande.

LES ONDES EN UNIFORMES: RADIO BRUXELLES

Nous sommes en juin 1940. Les nazis entrent dans Paris. Commence alors un pillage sans précédent mené par un commando qui pénètre dans les plus grandes galeries et dans les appartements de très nombreuses familles. La plupart d’origine juive. Les tableaux, bijoux, tapis précieux sont alors rassemblés au musée du Jeu de Paume et vont servir à alimenter les rêves de prestiges des dignitaires du IIIe Reich. Une femme, seule, va réussir à sauver des milliers d’œuvres. Elle s’appelle Rose Valland, une résistante longtemps oubliée.

ROSE VALLAND, L'ESPIONNE AU TABLEAU

Nous sommes sous la période de l’occupation , lors de la deuxième Guerre Mondiale. Violence, souffrance, désespérance et … divertissement. C’est ainsi, dans la tourmente, on cherche, malgré tout, à faire la fête. Et c’est dans ce contexte qu’à Bruxelles, plusieurs cabarets venus de Montmartre vont créer, en quelques sortes, leur double, et cela, plus particulièrement dans les années 1940-1942. Le Grillon, la Poulaille, la Boîte à sel … Ils sont situés du côté des places de Brouckère et Rogier ou à la Porte de Namur. Ce sont des endroits où chansonniers, comédiens, musiciens manient la légèreté, la satire (on se moque de l’occupant) et aussi … l’émotion.

LES CABARETS BRUXELLOIS SOUS L'OCCUPATION

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occupation

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