Nous sommes le 15 août 1912. Jules Destrée, politicien belge, engagé à gauche, adresse sa fameuse lettre au roi Albert Ier , intitulée « Séparation de la Wallonie et de la Flandre ».
Cette missive avec ces mots restés gravés dans notre récit national :
« Sire, vous régnez sur deux peuples. Il y a,  en Belgique,  des Wallons et des Flamands,  il n’y a pas de Belges ». Il y écrit aussi : « une seconde espèce de belges s’est formée dans le pays, et principalement à Bruxelles. Mais elle est vraiment peu intéressante. Elle semble avoir additionné les défauts des deux races, en perdant leurs qualités. Elle a pour moyen d’expression un jargon innommable dont les familles Beulemans et kakebroek ont popularisé la drôlerie imprévue …  Cette population de la capitale, dont quelques échantillons épars existent en province, n’est point un peuple ; c’est un conglomérat de métis. »
Quelques années plutôt, Charles Baudelaire disait de Bruxelles : « on ne sait pas le français, personne ne le sait, mais tout le monde affecte de ne pas  connaitre le flamand. C’est le bon goût ; la preuve qu’ils le savent très bien c’est qu’ils engueulent leurs domestiques en flamand ». Qu’en est-il de ces langages que l’on cause à Bruxelles ? Remontons aux origines …

LE BRUSSELEIR ET AUTRES PARLÉS DE BRUXELLES

1000 Jours dans l’Histoire

Parfois on les nomme «  les derniers Belges ». Mais l'histoire des Germanophones de Belgique demeure terra incognita pour un grand nombre de la population de notre royaume. Bien que l'historiographie de ce territoire frontalier connaisse un essor depuis la fin des années 1980, peu de publications sont rédigées en langue française. Comment les ancêtres des habitants de ce que l’on nomme aujourd’hui « Communauté germanophone de Belgique » ont-ils vécu la Première Guerre mondiale ? Les soldats ont-ils participé aux atrocités d’août 1914 ? Comment ont-ils commémoré leurs morts, une fois belges ? Y a-t-il des particularités à observer par rapport au reste du pays et par rapport à l’Allemagne ? Dans le contexte du centenaire de la Grande Guerre, il est important de soulever ces questions en portant un regard critique sur les écrits contemporains et les pratiques mémorielles (histoires de régiments, littérature de guerre, monuments, cérémonies).

LA GRANDE GUERRE DES EUPEN-MALMÉDIENS

Nous sommes en janvier 1704, à la librairie Barbin, à Paris. Claude Barbin est mort six ans plus tôt et c’est sa veuve qui préside aux destinées de l’entreprise. C’est elle qui s’est laissée convaincre par Antoine Galland, un orientaliste très érudit, de mettre sous presse sa traduction des contes des « Mille et une nuits ». Mais la veuve Barbin n’a pas prévu l’ampleur de l’engouement que l’ouvrage va susciter et s’est contentée d’un tirage restreint. Pour répondre à la demande, elle est obligée de faire recomposer en catastrophe les deux premiers tomes, auxquels s’y ajouteront quatre nouveaux qui paraissent au printemps 1705. On dit que les lecteurs impatients vont réclamer, à cors et à cris, sous les fenêtres du domicile d’Antoine Galland, la suite des aventures de Shéhérazade, la belle sultane. Les « mille et une nuits » constitue l’un des plus importants succès de l’édition française du dix-huitième siècle. Sa traduction contribua à changer le regard des Européens sur l’Orient.

ANTOINE GALLAND ET LES MILLE ET UNE NUITS

Nous sommes dans la nuit du 18 mai 1302. A Bruges. Depuis deux ans, Philippe le Bel, roi de France, a conquis la Flandre. La population vit mal cette présence et grogne contre les impôts levés, les taxes… contre l’arrestation de notables aussi. La violence éclate à l’aube. Des hommes armés, des résistants à l’envahisseur, pénètrent dans les maisons pour tuer les Français et leurs partisans. Mais il faut, avant cela, les distinguer des Flamands. On leur pose alors une question : « Des gilden vriend ? », « Ami des guildes ? », c’est-à-dire : ami du peuple ? Si l’accent dans la réponse ne convient pas, c’est la mort assurée. Les massacres feront environ 1000 victimes. Ceci,  c’est une version de l’histoire. Quelles sont les véritables raisons de ces violences, quel est le déroulé des événements et,  surtout, s’agit-il d’une de nos premières affaires linguistiques, comme l’ont prétendu divers historiens ou politiques ?

LES MATINES DE BRUGES: POURQUOI CE MASSACRE ?

Nous sommes en août 1539, entre le 10 et le 15. Au château de Villers-Cotterêts, le préféré de François 1er, aujourd’hui en région Nord-Pas-de-Calais-Picardie. C’est là que le roi de France signe une ordonnance de 192 articles. Cette ordonnance est très importante car elle institue ce qui deviendra l'état civil en exigeant des curés des paroisses qu'ils procèdent à l'enregistrement par écrit des baptêmes, autrement dit des naissances. Par ailleurs, son article 111 énonce : « Et pour ce que telles choses sont souvent advenues sur l'intelligence des mots latins contenus dans lesdits arrêts, nous voulons dorénavant que tous arrêts, ensemble toutes autres procédures, soit de nos cours souveraines et autres subalternes et inférieures, soit de registres, enquêtes, contrats, commissions, sentences, testaments, et autres quelconques actes et exploits de justice, ou qui en dépendent, soient prononcés, enregistrés et délivrés aux parties, en langage maternel et non autrement ». En clair, l'ordonnance établit que tous les actes légaux et notariés, jusque-là rédigés en latin, le  seront désormais en … français.

QUAND LE FRANÇAIS DEVIENT LA LANGUE DU ROI

Nous sommes en 1545, dans un manifeste retentissant intitulé « défense et illustration de la langue française », les humanistes et poètes du groupe de la Pléiade montent au créneau pour  promouvoir l’usage de notre langue. Ils vont se heurter aux pires de conservatismes.

DICTIONNAIRE AMOUREUX DE LA LANGUE FRANÇAISE

Nous sommes en 1647, Claude Favre de Vaugelas, grand grammairien, publie ses « Remarques sur la langue française ». Son ouvrage va influencer profondément l’Académie française dont il est membre. Vaugelas est un élitiste qui n’hésite pas à affirmer que « le mauvais se forme du plus grand nombre de personnes (…) et le bon ,au contraire, est composé non pas de la pluralité, mais de l’élite des voix ». Le bon usage selon lui est  « la façon de parler de la plus saine partie de la cour ». En sommes, si l’on veut bien causer, il faut imiter les proches de la famille royale. L’histoire ne nous dit pas toujours si le prestigieux entourage écrivait sans faute d’orthographe.

L’ORTHOGRAPHE

Nous sommes en avril 1849. Voici ce que l’on peut lire dans « Le Hainaut »,  quotidien catholique montois : « tous les délits et les méfaits qui se commettent dans le pays leur sont attribués » De qui parle le journal ? Des Flamands ! Louis Gallez, médecin à Gilly, se souvient quant à lui, « qu’en 1847-1848 (…) époque de l’affreuse misère des Flandres, on vit notre bassin envahi par toute une population aux abois (…) C’est donc, ajoute-t-il, avec ce que j’appellerais le mouvement flamand que fut portée, à son comble, l’immoralité. Précisons qu’à Gilly, ces immigrés représentent, à l’époque, 21% de la population et se concentrent dans les corons célèbres pour leurs bagarres et saouleries dominicales. Toute la presse régionale va alors s’en émouvoir. Certains allant jusqu’à réclamer l’installation d’un poste de police, d’autres suggérant la nomination d’un vicaire flamand chargé de calmer ses compatriotes. Quelle étaient l’image de cet immigré flamand dans la culture populaire wallonne, c’est que nous allons observer, aujourd’hui.

L'IMAGE DES MIGRANTS FLAMANDS EN WALLONIE

Nous sommes en 1899, à Stavelot. Au cours d’un séjour dans notre beau pays, le poète français, Guillaume Apollinaire, fait la connaissance d’une certaine Maria Dubois. De cette idylle qui sera brève, il nous reste un acrostiche, un poème dont chaque vers commence par une lettre du prénom de Maria. Il le fait en Wallon, Maria devenant Marèïe : 
« Mi crapaute, ji v’s ainme et vos l’sèpez, Marèïe
Al rôse, fleûr d’osté, v’s estez, mi fleûr, parèïe.
Rabrassez-mi ! D’nez, mi Marèïe, on betch d’Amour,
E wallon, m’binamèïe, è wallon ji v’s è prèïe !
I fat todis m’warder, divins vosse p’tit cour. »

L'HISTOIRE DES LANGUES RÉGIONALES DE WALLONIE

Après sa chronique en wallon, souci de parité oblige, Christelle Delbrouck nous propose un presque cours de néerlandais à l'égard des usagers de De Lijn.

C'est presque sérieux

Christelle Delbrouck - petit cours de Néerlandais (pour les usagers De Lijn)

C'est aujourd'hui que sort l'édition 2020 du Petit Robert, le célèbre dictionnaire dirigé depuis 1967 par le linguiste Alain Rey. Une nouvelle édition qui comporte plus de 100 nouveaux mots!

Salvatore Di Bennardo - Sortie ce jeudi de l'édition 2020 du Petit Robert

Le FAM, le Famenne & Art Museum de Marche-en-Famenne proposera une conférence sur les parlers de la région marchoise par Matthieu Balthazard le vendredi 28 février prochain. Matthieu est assistant au Département de Langue et Littératures françaises et Romane de l'ULiège. Nous avons appelé Matthieu Balthazard ce vendredi vers 07h20 pour avoir un avant-goût de cette conférence...

Luxembourg Matin

Quelles langues parle-t-on à Marche-en-Famenne ?

Les 3èmes et 4èmes, Gwen revoit avec vous les provinces de la Belgique…

Y'a pas école, on révise !

Les provinces de Belgique

Puisque nous sommes à la fin d’un trimestre et que certains étudiants ont des examens, Christelle Delbrouck a décidé de faire un peu de linguistique.

Christelle Delbrouck : un peu de linguistique

Pourquoi le linguiste Noam Chomsky marque-t-il toujours les esprits ? Et pourquoi considère-t-il que l’intelligence artificielle ne tient pas ses promesses ? Eléments de réponse dans notre Grand dictionnaire avec Martin Legros du Philosophie Magazine.

Le linguiste Noam Chomsky

Le Grand Dictionnaire des philosophies et des religions

La ministre flamande de la mobilité ne veut pas de « Liège » sur les panneaux routiers. Sur le ring d’Anvers, Luik a fait place à Liège sur des panneaux qui ont été renouvelés 
par l’Agence flamande des routes et de la circulation qui indique maintenant le nom de la ville dans la langue de destination. Ça ne plaît pas à la ministre de la mobilité qui demande une adaptation d’urgence et réclame donc le retour de Luik pour correspondre à la législation linguistique. Faut-il traduire le nom des villes ?

C'est vous qui le dites

La ministre flamande de la mobilité ne veut pas de « Liège » sur les panneaux routiers

https://bff-service.rtbf.be/auvio/v1.23/mosaic/tag/2005

linguistique

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