Alya

Comment la population immigrée de Cureghem, à Anderlecht, était-elle perçue par les forces de police au 19e siècle ? Ce quartier, réputé chaud aujourd’hui, bénéficiait visiblement de la même image à l’époque. Les communautés ainsi criminalisées étaient notamment des immigrés juifs, population venue en Belgique parce que chassée par des pogroms en Europe de l’Est. À travers les archives de la police des étrangers, nous découvrons que cette population était stigmatisée par les autorités. Ce sont les conclusions d’une étude réalisée par notre invitée Yasmina Zian, doctorante en histoire contemporaine.

CUREGHEM, UN QUARTIER CRIMINEL ?

1000 Jours dans l’Histoire

Dans les années 1920-1930, de nombreux Judaïsme polonais, baltes ou ukrainiens, chassés par les violences qui régnaient chez eux, vinrent travailler dans l’industrie lourde carolorégienne. Ils allaient former bientôt la 3e communauté juive de Belgique. Durant la seconde guerre mondiale, c’est également à Charleroi que la résistance juive allait réussir à contrecarrer les rafles des nazis…

HISTOIRE DE LA COMMUNAUTE JUIVE DE CHARLEROI

En juin 1942, le port de l'étoile jaune devient obligatoire en France pour la population juive. Le zèle "patriotique" de certains éléments de la police française sera utile au régime et à l'occupant nazi pour superviser l'application de cette ordonnance indigne et infamante, prémices à la Rafle du Vél' d'hiv'. Avec le deuxième volet des aventures du flic collabo, antisémite et antibolchévique, Léon Sadorski, Antoine Slocombe nous plonge au plus près de la collaboration et de ses secrets: dénonciations, arrangements douteux, résistance et règlements de compte, corruption et répressions sur fond d'ouverture du front de l'Est et de l'apparition de l'armée des ombres. Auteur de "L'étoile jaune de l'inspecteur Sadorski", Antoine Slocombe raconte la genèse d'un récit de fiction, un polar nourrit aux archives historiques et à l'analyse aussi rigoureuse que surprenante.

L'ÉTOILE JAUNE DE L'INSPECTEUR SADORSKI

Nous sommes le 14 mars 1942. C’est à Paris qu’est préparée l’introduction de « l’étoile jaune » ou « étoile juive ». Elle est introduite, en Belgique, par l’ordonnance du 27 mai suivant. Cette mesure signifie la fin de la période de réglementation antijuive par l’administration militaire et l’ouverture de la chasse et de la déportation des Juifs. L’été suivant, la première rafle se déroule à Anvers, dans la nuit du 15 au 16 août . 9998 personnes sont arrêtées. La deuxième, toujours à Anvers a lieu dans la nuit du 28 au 29: 1105 arrestations. Une troisième à Bruxelles, le 3 septembre : 718 arrestations. Une quatrième, de nouveau, à Anvers, les 11 et 12 septembre : 1240. Les soldats nazis inscrivent sur les portes des bâtiments le mot « Judenrein » : « sans juif ».

LES RAFLES DE JUIFS EN BELGIQUE

Nous sommes le 20 novembre 1943. C’est d’un train en route vers Château-Thierry, dans le département de l’Aisne, en France, qu’est jeté, par une fenêtre, un mot écrit sur une feuille de papier quadrillée pliée en quatre. C’est un garde barrière qui l’a vue tomber, l’a ramassé et pris soin de l’envoyer à son destinataire, dont l’adresse est mentionnée au verso. Sur ce mot, on peut lire : « Chers amis, merci pour les affaires chaudes. J’ai tout reçu la veille du départ. J’ignore où je vais, peut-être pas si loin. D’abord Metz et environs. Je me sens parfaitement bien. J’espère vous revoir tous (…) Jusqu’à présent,  rien ne nous trouble.
Je pense à vous avec tendresse et je veux revenir chez vous. Au revoir. » La lettre, sans enveloppe, a été écrite, au crayon,  par Raïssa Bloch, juive née à Saint-Pétersbourg, polonaise par son mariage, ayant fui vers l’Allemagne après la Révolution de 1917, ayant fui Berlin pour Paris lors de l’arrivée d’Hitler au pouvoir, ayant fui la France vers la Suisse pendant la Deuxième Guerre mondiale. Raïssa Bloch, poétesse, historienne, est en route vers Auschwitz.

RAÏSSA BLOCH, DE SAINT-PETERSBOURG A AUSCHWITZ

Nous sommes le 11 avril 1968, à Jérusalem, lors de la clôture du premier Congrès des historiens de la Résistance juive. Jacob Robinson, avocat et historien pose une question : « Existe-t-il aujourd’hui au monde un quelconque code de conduite humaine, qui indiquerait les règles morales à observer, même in extremis ? Existe-t-il des lois morales permettant de juger la capitulation silencieuse par rapport à l’héroïsme ? »
La réponse de Robinson est catégorique « Non, ce code n’existe pas. » Une réponse que ne partage pas tous les observateurs de nos sociétés passées et actuelles. On tenter d’y voir plus, clair ….

L'HONNEUR ET LA RÉSISTANCE À TRAVERS LES SIÉCLES

Un soir qu’il se promenait sur la terrasse de son palais, le roi David, 2e roi d’Israël, aperçut une femme d'une grande beauté qui prenait un bain. Cette femme, dont il tomba éperdument amoureux est Bethsabée, était la fille d'Eliam et  l'épouse d'Urie le Héthien, un officier de son armée en campagne. L’histoire de Bethsabée, racontée dans le livre de Samuel, révèle David, modèle de roi parfait, en roi adultère et meurtrier. Cette faute morale tient-elle du péché de chair ou du péché d’orgueil ? Que faire avec cette tache dans le costume du héros parfait ? Comment cela a-t-il influé sur la postérité de David ? Régis Burnet professeur de Nouveau Testament à l'Université catholique de Louvain nous parle de David et Bethsabée dans l’histoire de l’exégèse.

LE ROI DAVID

Nous sommes le 29 mars 1516. A Venise. Le Sénat de la Sérénissime République prend la décision suivante : « Les Judaïsme devront vivre ensemble dans l’enceinte des maisons, qui sont au ghetto, tout près de Saint Jérôme. Afin d’éviter qu’ils ne puissent aller et venir la nuit, deux portes ont été installées: l’une du côté du Ghetto Vecchio où se trouve un petit pont, et ainsi de l’autre côté (du campo), une de chaque côté donc. Ces portes seront ouvertes le matin au son de la Marangona ( la cloche du campanile de Saint-Marc)  et fermé à minuit, par quatre gardes chrétiens employés et payés par les Judaïsme, selon le montant retenu opportun par notre collège”.

NAISSANCE DU GHETTO DE VENISE

Nous sommes le vingt-deux décembre 1894. Le capitaine Alfred Dreyfus, juif d’origine alsacienne, est reconnu coupable de haute trahison par le conseil de guerre du gouvernement militaire de Paris. Il est condamné à la dégradation et à la déportation sur l’île du Diable, au large de la Guyane. Douze ans plus tard, Dreyfus est réhabilité et réintégré dans l’armée. Cette affaire, symbole aujourd’hui de l’injustice, donna, en Europe, une nouvelle impulsion à l’antisémitisme.

ALFRED DREYFUS OU L’INJUSTICE

Le trois septembre 1944, un convoi de déportés quitte Westerbork, un lieu de regroupement et de transit situé aux PB. Direction le camp d’extermination d’Auschwitz. A son bord, parmi un peu plus de mille individus, il y a Anne Frank. La jeune fille a quinze ans. Autour d’elle, il y a sa mère, son père et sa sœur ainsi que quatre autres personnes, compagnons de clandestinité. Ensemble, ils se sont cachés, pendant deux ans, dans une annexe à Amsterdam. Deux années, sans sortir. Des jours sans fin, espérant échapper à la barbarie nazie. Jusqu’au matin du quatre août 1944 où, suite à une dénonciation, ils sont arrêtés par les services de sécurité de la police allemande. Témoignage de cette histoire, terriblement humaine, le journal tenu par Anne Frank.

ANNE FRANCK

Nous sommes le deux janvier 1492. Après un siège de plusieurs mois, Grenade, dernier bastion musulman dans une Espagne redevenue chrétienne, capitule. Quatre jours plus tard,  Ferdinand et Isabelle font une entrée triomphale dans une ville en liesse. Bien que l’Inquisition ait été installée quatorze ans plus tôt dans le royaume,  les rois catholiques promettent de respecter les traditions et les croyances  de tous leurs sujets. La situation va s’avérer plus délicate que prévu à gérer. Et de cette Espagne, qui a vu la cohabitation et l’opposition des chrétiens, des musulmans et des Judaïsme pendant plusieurs siècles, va naitre une terrible intolérance.

DE L'ESPAGNE AUX 3 RELIGIONS

Nous sommes en 1921, en Pologne. Janusz Korczak médecin-pédiatre, journaliste et écrivain qui va révolutionner le regard que l’on porte sur les plus jeunes, écrit : « Vous dites : c’est épuisant de s’occuper des enfants. Vous avez raison. Vous ajoutez : Parce que nous devons nous abaisser à leur niveau. Vous vous trompez. Ce n’est pas cela qui vous fatigue mais le fait que nous devons sans cesse nous élever à la hauteur de leurs sentiments. » Le 5 août 1942, Janusz Korczak, ses collaborateurs et près de deux cents orphelins quittent le ghetto de Varsovie et sont déportés vers Treblinka à quatre-vingt kilomètres de la capitale pour y être gazés.

JANUSZ KORCZAK OU LE RESPECT DE L'ENFANT

C’est en 1918 qu’on lui décerne le prix Nobel de chimie pour ses travaux sur la synthèse de l’ammoniac à partir de l’azote atmosphérique. Procédé qui permettra de fabriquer des engrais et de combattre ainsi les risques de famines. C’est un grand pas pour le bien être de l’humanité. Mais cet homme honoré est aussi l’initiateur de la guerre chimique.  Des milliers de morts à Ypres, en 1917, avec le fameux gaz moutarde appelé aussi Ypérite. Inventeur en plus du funeste zyklon B que l’on utilisera plus tard, dans les camps d’extermination de la deuxième guerre mondiale. Responsabilités et contradictions de l’élite juive-allemande, lors de la première guerre mondiale, sont toutes entières  portées par Fritz Haber.

L’ÉLITE SCIENTIFIQUE JUIVE-ALLEMANDE EN 14-18

Nous sommes le 15 septembre 1935, à Nuremberg. Deux ans après son accession au pouvoir, Hitler entame la concrétisation juridique de la politique antisémite du troisième Reich. Devant les militants du parti nazi réunis en congrès, le chancelier annonce la promulgation des lois qui visent à séparer les citoyens Judaïsme des autres allemands. Une mise à l’écart qui est un préalable à leur exclusion du pays.

LES LOIS ANTISÉMITES DE NUREMBERG

Nous sommes le 18 février 1938, à Paris. Sur proposition du garde des Sceaux, càd, le ministre de la justice, Lazare Rachline est naturalisé français. Il a trente-deux ans, il vit en dans l’hexagone depuis trente et un an et neuf mois. Alors, pourquoi si tard ? Ses origines de juif russe immigré y sont peut-être pour quelque chose. Son militantisme aussi. Il est le cofondateur de  la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme. Deux ans plus tard, engagé volontaire, évadé du Stalag où il était prisonnier, il sera un résistant de la première heure. Chef de la principale filière d’évasion de France, travaillant en étroite collaboration avec les services secrets britanniques, il sera Lucien Rachet puis Socrate. En mars 1944, de Gaulle lui confie le soin de restructurer la résistance en vue de la Libération. La mort de son frère , torturé par la gestapo, sera la grande rupture de sa vie. C’est ce parcours que nous vous racontons, aujourd’hui, celui d’un résistant : Lazare Rachline.

LES SILENCES D’UN RÉSISTANT

Nous sommes en juin 1940. Les nazis entrent dans Paris. Commence alors un pillage sans précédent mené par un commando qui pénètre dans les plus grandes galeries et dans les appartements de très nombreuses familles. La plupart d’origine juive. Les tableaux, bijoux, tapis précieux sont alors rassemblés au musée du Jeu de Paume et vont servir à alimenter les rêves de prestiges des dignitaires du IIIe Reich. Une femme, seule, va réussir à sauver des milliers d’œuvres. Elle s’appelle Rose Valland, une résistante longtemps oubliée.

ROSE VALLAND, L'ESPIONNE AU TABLEAU

C’est un authentique épisode de la seconde guerre mondiale qui est raconté avec talent dans une bande dessinée dont le second et dernier tome vient tout juste de paraître. Cette histoire est celle de Félix Kersten, un masseur finlandais très doué qui allait devenu le thérapeute particulier d’Heinrich Himmler, le chef de la SS. Mais en paiement de ses soins qui, seuls, arrivaient à calmer les douleurs chroniques de celui qui était l’un des criminels les plus terribles du régime nazi, Kersten va réussir à faire libérer des personnes détenues par les nazis. Au fil du temps, il s’enhardira et finira par obtenir d’Himmler qu’il libère aussi des Judaïsme…

KERSTEN, MÉDECIN D’HIMMLER

Durant la seconde Guerre mondiale, dans tous les pays, tous les médias ont été mis au service de l’effort de guerre. En URSS, le cinéma était alors un art majeur. Très vite, tous les opérateurs ont été envoyés sur le front pour montrer la violence nazie et contribuer ainsi à mobiliser la population soviétique. Côté allemand, les cameramen accompagnent également les troupes en première ligne. Mais si les images prises des deux côtés se ressemblent toutes un peu, ce qui est raconté est complètement différent…

SHOAH : LES OUBLIÉS DE L’HISTOIRE

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