Le petit journal : témoignage d'un enfant

Nous sommes à Paris, en plein milieu d’une cour immense, pavée et rendue humide par la brume matinale : la cour de l’École militaire. Elle se trouve tout près des Invalides. Face à la place Joffre se dresse l’immense façade de l’institution fondée par le roi Louis XV. Ce matin, les élèves sont debout, prêts, comme à la parade, à une heure toute particulière. Le jour s’est levé dans une obscurité quasi-totale, un brouillard épais omniprésent cache totalement la vue des milliers de badauds qui, derrière les grilles, attendent. Aujourd’hui est le point final d’un procès qui vient de défrayer la chronique. Tout le pays s’est déchiré. Autour d’un homme : le capitaine Alfred Dreyfus. Accusé d’être un espion à la solde de l’Allemagne, l’officier de l’armée française a été condamné au bagne à perpétuité. En Guyane. Autant vous dire qu’entre cela et la peine de mort, la frontière est fine. Toutes les preuves semblent accuser cet homme à la carrière pourtant sans tâche jusqu’ici. Malgré le verdict, malgré les éléments à charge présentés à la Cour, lui continue de hurler son innocence. C’est pourtant la cérémonie de toutes les humiliations qui se prépare. Ce matin, il va être dégradé. L’officier à la fine moustache, encadré par des hommes qui le jugent d’un regard noir, a les larmes aux yeux. Il n’a rien fait. Et il doit absolument trouver le moyen de prouver son innocence. Il en est loin. Nous sommes le 5 janvier 1895. Un samedi. Il est 8 heures et c’est l’heure H de mon histoire.

Capitaine abandonné : L'affaire Dreyfus

L'Heure H

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innocence

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