Est-ce que des tatouages et des remplacements de serrure de porte font vraiment partie de nos dépenses quotidiennes et méritent une place dans le panier de la ménagère? C'est le débat du moment... Le panier de la ménagère, concrètement, c'est ce qui permet d'évaluer le coût de la vie en Belgique, et qui mène à l'indexation des salaires. Et le ministre de l'économie a accepté de faire entrer neuf nouveaux produits : le loyer des chambres étudiants, le tarif horaire des couvreurs, le remplacement d'une serrure de porte, des compresses techniques, les voitures de seconde main, les livres de cuisine, la consultation en diététique, les voitures d'enfants et les tatouages.

On n'est pas des pigeons

Entrée de neuf nouveaux produits dans le panier de la ménagère

En novembre 2022, l’indice des prix à la consommation augmentait de 5,6 %, soit 4,1 % de plus qu’au mois d’octobre. Pour certains ménages, cette augmentation due à l’inflation des prix de l’énergie, les aliments ou encore de l’eau est intenable.

Ce mercredi, l’administrateur délégué de la fédération des entreprises de Belgique, Pieter Timmermans annonçait sur le plateau de "QR le débat" être contre le saut d’index, soit la neutralisation temporaire des régimes sectoriels d'indexation des salaires actuels à concurrence de 2 %. "Il vaut mieux prévenir que guérir", a-t-il affirmé. "Je demande qu’on évite de se trouver de nouveau dos au mur. Parce que, pour moi la mesure du saut d’index est la mesure la plus asociale aujourd’hui. Et ce qui est encore plus asocial, c’est de ne rien faire puisque cela voudrait dire que nous serions confrontés à ce saut d’index obligatoire d’ici deux à trois ans", reprend-t-il. "C’était toujours comme ça dans le passé : on nie le problème puis on prend des mesures. La banque nationale a fait des études à la demande du précédent gouvernement Di Rupo en 2013. Pour éviter le saut d’index, ils ont mis sur la table 7 idées qui n’ont jamais été débattues. Mais si on ne fait rien, on se retrouvera inévitablement d’avec un saut d’index d’ici 2 à trois ans."

QR le débat

Pieter Timmermans prévoit un saut d'index d'ici deux à trois ans

"Il n’y aura ni de saut d’index cette année, ni cette année, ni l’année d’après", répond immédiatement Karine Lalieux, ministre en charge des Pensions, de l’Intégration sociale et de la Lutte contre la Pauvreté. "Je ne sais pas si Mr. Timmermans a une boule de crista,l mais en tout cas il n’y aura pas de saut d’index dans ce gouvernement", indique-t-elle avant de reprendre : "Pourquoi est-ce que cela risquerait-il d’être évitable ? Dit-on aujourd’hui que la Belgique est un pays pauvre ? Non. Y a-t-il aujourd’hui des problèmes dans la répartition de la fiscalité ? Oui. Allons-nous faire une réforme fiscale avec le Ministre pour avoir une fiscalité plus juste et pas une fiscalité sur le travail ? Oui, il faut diminuer la fiscalité sur le travail. Fait-on le choix politique de faire des travailleurs pauvres, d’avoir une loi 96 – et vous savez qu’on est contre sa modification - ? Aujourd’hui il n’y a plus de possibilité de négociation de la norme salariale. Il y a des secteurs dans lesquels il y a des travailleurs pauvres qui diminuent la possibilité de croissance économique. N’êtes-vous pas comme nous, Mr. Timmermans, à vouloir le bien-être de la population ? Pour cela, il faut de l’emploi. Nous investissons aussi dans les investissements publics pour avancer. Il faut trouver un équilibre dans cette société pour que le gens puissent vivre dignement."

Karine Lalieux : il n y aura pas d'index dans les deux prochaines années

De son côté, Marie-Hélène Ska, secrétaire générale du syndicat chrétien CSC, confirme qu’un saut d’index est "impossible" et évoque un manque de solidarité entre les entreprises : "Certaines entreprises sont en difficulté avec l’inflation, mais pas toutes. Beaucoup d’entre elles peuvent répercuter la hausse des prix sur le consommateur final. Si on peut innover un peu, on peut aussi imaginer des mécanismes de solidarité entre entreprises. Aujourd’hui, l’une des grosses difficultés que nous avons est qu’il n’y a aucune solidarité possible dans le monde de l’entreprise."

Marie-Hélène Ska : "il manque de solidarité entre les entreprises"

Germain Mugemangango estime que le revenu universel/de base ne répond pas suffisamment rapidement aux problèmes qui se posent aujourd’hui. "On a l’impression que le débat sur le revenu universel est lancé maintenant pour ne pas aborder les vrais débats. L’urgence, c’est de trouver des solutions concrètes par rapport à l’aide pour faire face à la facture énergétique et au coût du carburant."

Germain Mugemangango s'inquiète de l'efficacité de l'allocation universelle

Ce qu’il faut surtout pour le chef de groupe PTB au Parlement wallon, Germain Mugemangango, c’est une meilleure indexation des salaires. "En Belgique, les salaires sont beaucoup trop bas et bloqués dans leur progression puisque le gouvernement fédéral a décidé de bloquer les salaires et de ne leur permettre d’augmenter que de 0,4 % avec un carcan salarial", affirme-t-il. "Donc on interdit la possibilité aux organisations syndicales et aux travailleurs de négocier leurs salaires à la hausse. Par ailleurs, on constate que les bénéfices des entreprises ne sont pas bloqués. Il y a deux poids, deux mesures, les patrons doivent agir et le gouvernement aussi pour aider les personnes à faire face au coût de la vie."

Germain Mugemangango : "les salaires sont trop bas et bloqués dans leur progression"

"De combien est l’augmentation des salaires en France et en Allemagne sur l’année écoulée ?", questionne fermement Georges-Louis Bouchez. "7%. En Belgique, 8,6%. Cela veut dire que nos salaires ont progressé beaucoup plus fortement que dans les pays limitrophes grâce à l’indexation. Et donc si vous voulez qu’on laisse une liberté totale de négociation, nous le ferons. Mais dans ce cas, le rattrapage de pouvoir d’achat, vous devrez le négocier pas à pas dans toute une série de secteurs. Or ici, elle est offerte automatiquement et nous sommes un des seuls pays au monde à le faire."

Georges-Louis Bouchez réexplique les bénéfices de l'indexation automatique des salaires en Belgique

"Depuis quelques mois, la part que l’énergie prend dans le pourcentage d’indexation est énorme puisqu’elle est liée à l’inflation. On est à plus de 50 %. Or, quelles que soient les mesures que l’on prend, on ne parvient pas à compenser cette augmentation du prix de l’énergie et on demande quelque part à l’entreprise de le faire alors qu’elles subissent elles-mêmes ces augmentations. On pénalise deux fois nos entreprises. Il faut réfléchir de manière plus différenciée sur la façon dont on applique cette indexation."

Clarisse Ramackers : "Le système d'indexation doit être repensé"

L'indexation d'un loyer, c'est à la date anniversaire du bail, la demande se fait par écrit, une demande rétroactive est de maximum 3 mois et le bail doit être enreguistré. Il n'y a pas d'indexation pour un logement avec PEB F, G ou en l'absence de PEB à partir du 1er novembre 2022.

Focus: indexation des loyers et PEB à partir du 1/11/2022

Les travailleurs seront tous indexés de 10 % en janvier prochain et pour faire face à ces dépenses supplémentaires, l’État a décidé de diminuer de 7 % les cotisations sociales des entreprises durant les deux premiers trimestres de 2023. De toutes les entreprises. Même celles qui, selon le président de la FGTB Thierry Bodson, n’en ont pas besoin. Pour lui, cette décision est révoltante et aurait dû être mieux ciblée. "Vous trouvez normal que l’argent public qui manque serve à diminuer les cotisations sociales d’entreprises qui n’en ont pas besoin ? Ce sont des centaines de millions d’euros. C’est inadmissible."

Thierry Bodson : "Aider l'entièreté des entreprises à faire face à l'indexation des salaires est inadmissible"

Pour le secrétaire d’État pour la relance et les investissements stratégiques, Thomas Dermine (PS), Thierry Bodson a raison en affirmant que les aides aux entreprises et l'indexation automatique des salaires ont été mal ciblées, ce qui ne remet pas en cause l’utilité de l’indexation automatique des salaires. Pour le secrétaire d'Etat, il est normal que les plus larges épaules contribuent en temps de crise.

Thomas Dermine : les plus gros bonnets doivent contribuer plus pendant la crise

Pour l’administrateur délégué de la FEB Pieter Timmermans toutefois, aider toutes les entreprises, y compris celles qui ont de beaux revenus, et indexer tous les travailleurs est cohérent. "Premièrement, le cadre général oblige toutes les entreprises à payer plus de 10 % d’indexation à partir du mois de janvier même si ce n’est pas possible. Je veux bien débattre de ce cadre", affirme-t-il. "Ensuite, une indexation automatique des salaires ne pose pas de problème pour l’économie si l’inflation est de 2%, mais ça l’est si l’inflation est de 10-12 %. Ces 18 derniers mois, les salaires ont été indexés de plus de 18%. Chez nos voisins qui produisent les mêmes produits de la même façon, les salaires ont augmenté d’environ 12% pour les mêmes produits. Donc, ce qui se passe, c’est que nos entreprises qui produisent le même produit avec la même qualité qu’en France, qu’aux Pays-Bas et qu’en Allemagne avec la même qualité sont environ 10-12 % plus cher."

Pieter Timmermans : "Il faut aussi réduire les cotisations des grosses entreprises"

"Les grosses entreprises telles qu’Engie et Total paieront bien plus d’impôts et seront taxées à hauteur de 4 milliards de surprofits", indique David Clarinval, vice-Premier ministre en charge des PME et des indépendants. "Mais combien d’emplois voulez-vous perdre en Belgique ? L’indexation automatique des salaires, c’est magnifique pour le pouvoir d’achat, mais il va y avoir des licenciements et des faillites parce que les entreprises ne seront plus compétitives. Pour éviter cela, nous ne donnons pas de prime mais diminuons les cotisations sociales. Ça ne représente à peine 1/5ème de ce qu’on leur demandera en plus et cela permettra de sauver des milliers d’emplois."

David Clarinval : "Il faut aussi réduire les cotisations sociales des grosses entreprises"

Les petits commerçants réfléchissent à des moyens de survivre, rappelle Jean-Luc Vasseur, président de la société royale "Le commerce liégeois". "Je suis honteux de ce que j’entends. Il y a une multitude de petits commerçants qui meurent à Liège, qui sont impactés par les travaux sur le tram et les inondations de l’an dernier. J’en pleurerais tous les jours et quand je vois des gens qui peuvent pleurer parce que Total ne peut pas augmenter salaire de salariés de 15% pour aller les dépenser dans économie locale, je suis scandalisé."

Jean-Luc Vasseur : "Je suis scandalisé que l'on pleure pour Total alors que les petits commerçants meurent"

Les maisons de repos répondent aux accusations : Christian Rademecker, secrétaire général adjoint de Femarbel, répond aux accusations : nourriture, soins, personnels, tout y passe. En 2023, il peut y avoir des indexations mas pas d'augmentation.

On n'est pas des pigeons !

Les maisons de repos répondent aux accusations

Fin du blocage de l’indexation de certains loyers (B. Boulet - LP 28/09/23)

Selon Nabil Boukili, député fédéral PTB, le gouvernement fédéral n'a pas pris suffisamment de mesures pour améliorer le pouvoir d'achat des Belges sous cette législature, ce qui a conduit les Belges - selon une étude de l'OCDE - à perdre 5% de leur salaire réel. Des propos avec lesquels Thomas Dermine (PS), Secrétaire d'Etat à la Relance et aux investissements, et Alexia Bertrand (Open VLD), Secrétaire d'Etat au Budget, ne sont pas d'accord.

Le salaire des Belges a-t-il réellement augmenté ?

C’est Agoria, la Fédération des entreprises technologiques, qui fait cette sortie à lire dans La Libre Belgique ce matin. L’indexation automatique des salaires est pointée par la fédération comme le handicap de la Belgique en matière de coûts salariaux, raison pour laquelle elle demande d’y mettre fin et de récompenser proportionnellement les travailleurs les plus performants. L’indexation automatique, c’est un trop beau cadeau ?

C'est vous qui le dites

Des patrons ne veulent plus entendre parler de l’indexation automatique des salaires

Les Fédération des entreprises de Belgique estime que le système actuel met en danger l’économie belge qui n’est plus assez concurrentielle à cause de l’augmentation automatique des salaires. Dans sa communication, la fédération explique que cette situation n’est pas tenable sur le long terme et qu’il est temps de revoir ce procédé appliqué dans très peu de pays. Vous êtes prêts à faire l’impasse sur l’indexation ?

La FEB demander la suppression de l’indexation automatique

https://bff-service.rtbf.be/auvio/v1.23/mosaic/tag/416780

indexation

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