Un Jour dans l'Histoire

Le mystérieux César Franck

Nous sommes dans les années 1880. Gustave Carpentier, alors jeune étudiant au Conservatoire de Paris, qui s’illustrera, plus tard comme compositeur d’un opéra intitulé « Louise », donne des nouvelles régulièrement à ses parents qui vivent à Tourcoing, dans le nord de la France. Il leur raconte la vie quotidienne d’un élève de la prestigieuse institution. Dans l’une de ses lettres, il évoque la personnalité énigmatique de l’une des grandes figures de la musique à cette époque. Il écrit : «(…) César Franck disparaissait aussi discrètement qu'il était entré, en personnage entouré à nos yeux de beaucoup de prestige et d'un peu de mystère et dont, mes camarades et moi, en ces années-là, négligions assez sottement l‘occasion qu'il nous offrait de pénétrer quelques-uns des secrets de son art. Peut-être parce que l’offre était faite, rituellement, d'un peu trop haut, d'un peu trop loin, par quelqu'un qui lui-même, au fond de son cœur, n'osait guère s'approcher de nous, les élèves de Massenet. Sans doute, d'un côte à l’autre de la barrière si factice des tendances esthétiques, était-ce surtout le point de jonction humaine, de communication confiante, qui se révélait défaillant, inexistant, entre le grand homme méditatif et notre bande écervelée?» Alors qui était César Franck qui apparaît si insondable à ses contemporains et mystérieux encore aujourd’hui ? Sévère et trop « scientifique » pour les uns, exaltant le romantisme à la française pour les autres : son image, fabriquée par ses élèves et les enjeux politiques que représente la musique à la fin du XIXe siècle, est, pour le moins, brouillée. Tentons d’y voir un peu plus nettement… Invité : Hugo Rodriguez de la Bibliothèque royale de Belgique. #musique