Un Jour dans l'HistoireA l’aide, Victor Hugo
A l’aide, Victor Hugo
36 min
| Publié le 27/04/23
Nous sommes le 23 août 1849. Deux jours après l’ouverture, à Paris, du « Congrès des amis de la paix universelle ». Nous sommes dans un contexte de grande effervescence sociale et politique. L’année précédente, en effet, a vu l’Europe traversée par des mouvements de contestations qui se sont, parfois, transformés en révolution. Le journal « Le Siècle » rapporte : « La salle Sainte-Cécile était trop étroite aujourd’hui pour contenir l’affluence des membres du congrès, des étrangers, des curieux qui se pressaient dans son enceinte. De quoi s’agissait-il donc ? Des hommes venus de tous les Etats de l’Amérique, de tous les points de l’Angleterre, de la Hollande, de la Belgique, de l’Allemagne, de l’Italie, les esprits les plus éminents de France se réunissaient pour s’entretenir, en commun, de ce qui était une folie il y a quelques années à peine, de ce rêve qu’Henri IV avait entrevu et que le bon abbé de Saint-Pierre racontait, comme un fou qu’il était, vers la fin du siècle dernier. La salle était comble avant l’heure : l’arrivée de Victor Hugo et celle de Cobden ( Richard, libéral britannique) sont saluées par des vivats et des hourrah énergiques… » Le journaliste revient ensuite sur les grands passages du discours d’ouverture du congrès que l’auteur des « Misérables » prononce en faveur de la paix universelle, un discours enflammé. Il dit : « Supposez que les peuples d’Europe, au lieu de se défier les uns des autres, de se jalouser, de se haïr, se fussent aimés : supposez qu’ils se fussent dit qu’avant même d’être Français, ou Anglais, ou Allemand, on est homme, et que, si les nations sont des patries, l’humanité est une famille ; et maintenant, cette somme de cent vingt-huit milliards, si follement et si vainement dépensée par la défiance, faites-la dépenser par la confiance ! Ces cent vingt-huit milliards donnés à la haine, donnez-les à l’harmonie ! Ces cent vingt-huit milliards donnés à la guerre, donnez-les à la paix ! Donnez-les au travail, à l’intelligence, à l’industrie, au commerce, à la navigation, à l’agriculture, aux sciences, aux arts, et représentez-vous le résultat. » Plus loin, il poursuit : (…) la face du monde serait changée ! Au lieu de se déchirer entre soi, on se répandrait pacifiquement sur l’univers ! Au lieu de faire des révolutions, on ferait des colonies ! Au lieu d’apporter la barbarie à la civilisation, on apporterait la civilisation à la barbarie ! » Victor Hugo peut-il nous venir en aide ? Invitée : Valérie André, directrice de recherche FNRS, professeure et conseillère pour la recherche en sciences humaines à l’ULB, membre de l’Académie royale de Belgique. sujets traités : Victor Hugo,Henri IV,Henri IV, colonie, paix, haine,