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La Première

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Histoire

Un Jour dans l'Histoire

Avec mes sabots !

29 min

| Publié le 01/02/25

Nous sommes entre 1515 et 1547, sous le règne de François Ier, roi de France. La légende raconte que celui que l’on surnomme Grand-nez a pris goût à la promenade, déguisé en homme du peuple. Or voilà qu’il s’égare dans la forêt. La nuit commence à tomber… Heureusement, le roi aperçoit la loge d’un sabotier. Sans hésiter, il va quérir l’hospitalité. Le sabotier lui répond que, bien que n’étant pas riche, il le recevra de son mieux. - Vous ne mangerez pas votre pain tout sec, lui dit-il, ce matin j’ai tué un lièvre et vous en aurez votre part. - vous savez, lui rétorque le souverain, que la chasse est sévèrement défendue. - Oui, lui répond son hôte, mais je pense que vous ne me vendrez pas au roi Grand-nez… Quelques temps après François appelle le sabotier à la cour et, pour le récompenser de l’avoir reçu de son mieux, en fait l’un de ses premiers sujets. Un peu plus de quatre siècles plus tard, en 1894, dans son ouvrage intitulé « Légendes et curiosités des métiers, », paru chez Flammarion, Paul Sébillot, l’un des chercheurs le plus prolifiques de son temps, écrit : « Entre eux, les sabotiers se traitent de cousins. C’est au reste une population à part qui naît, vit et meurt dans les bois ; elle forme à sa manière une sorte d’aristocratie. Pour être vrai sabotier, il faut être fils de père et de mère, de grands-pères et de grands-mères sabotiers, autrement, on n’est que sabotier bâtard ». Au XIXe siècle, et jusque dans les années 1950, la saboterie constitue un des métiers les plus pratiqués dans le sud de l’Entre-Sambre-et-Meuse. On produit les chaussures de bois par centaines de milliers et on les exporte dans toute la Belgique ainsi que dans les pays limitrophes. Les sabots ont chaussé les pieds de nos aïeux, paysans, ouvriers et marins, pendant des siècles et ont inspiré poètes, conteurs, chanteurs et peintres tels Brueghel, Millet et Van Gogh… Ils témoignent de labeurs et de combats émancipateurs. Invité : Pierre Cattelain, archéologue, historien de l’art et conservateur de l’Écomusée du Viroin à Treignes.