Un Jour dans l'HistoireLes Godefroid : une dynastie belge de musiciens
Les Godefroid : une dynastie belge de musiciens
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| Publié le 23/09/24
Nous sommes le 7 août 1845. Dans l’hebdomadaire « La Belgique musicale », fondé quelques années plus tôt par une association d’artistes, dans un article consacré à Félix Godefroid, harpiste, pianiste et compositeur, on peut lire : « Les compositions qu’il a exécutées dans tous ses concerts sont sérieuses, grandioses, abondantes en pensées ; on y devine toujours aisément la science modestement déguisée sous les formes faciles et gracieuses d’une mélodie élégante et inspirée » La même année, « La Gazette du Rhin et de la Moselle » vante ses qualités d’interprète : « Un accompagnement de zéphir l’entoure comme les chuchotements les plus mystérieux des elfes. L’artiste nous a transporté dans un autre monde ; – on écoute, on s’étonne ! tout à coup les cordes semblent en proie à un orage, l’instrument paraît se transformer en un être animé, poursuivi et secoué par des passions terribles ». « Le ménestrel », revue musicale de Paris, dans son numéro du 13 février 1859, salue « cet art et ce soin que ce Benvenuto Cellini de la musique met à tout ce qui sort de ses habiles mains » ajoutant que « le célèbre artiste n’a rien moins qu’accompli une complète transformation dans la manière d’écrire la musique moderne de salon ». Or Félix Godefroid, quelques années auparavant, a regretté une vilaine manie de vouloir assimiler la harpe au piano : « C’est le jour et la nuit, selon lui, ce n’est ni la même sonorité, ni les mêmes effets, ni les mêmes moyens. Ce qui se joue sur l’un ne peut s’exécuter sur l’autre qu’avec une peine infinie, à moins de tout déranger : le ton, le doigté, les traits. » Hector Berlioz, lui-même, le déplore aussi : « à la honte de notre état musical, l’étude de la harpe, ce poétique et ravissant instrument, est aujourd’hui si dédaignée, que le premier harpiste de l’époque, c’est-à-dire le premier peut-être qui ait jamais existé, Félix Godefroid, se voit obligé, pour que sa pensée puisse avoir cours, d’écrire de la musique de piano, comme tout le monde » déclare le maître français dans le « Journal des débats » du 7 janvier 1852. Félix Godefroid, interprète, compositeur reconnu est aussi un pédagogue, en cela, il s’inscrit dans une tradition bien familiale. En effet, les Godefroid incarne une véritable dynastie musicale du XIXe siècle, en Belgique, en France et dans toute l’Europe. Partons sur leurs traces … Avec nous : Manuel Couvreur, membre de l'Académie royale de Belgique, secrétaire de la commission de la Nouvelle biographie nationale. Sujets traités : Félix Godefroid, musicien, harpiste, pianiste, compositeur, Belgique, Dynastie