Un Jour dans l'Histoire

Non, ma fille tu n’iras pas à l’Université

Nous sommes en 1905. La « Revue internationale de l’enseignement », éditée à Paris, a décidé de publier un article intitulé « Une université de jeunes filles ». L’article, signé monsieur Maurice Souriau, professeur à la Faculté des lettres des universités de Caen et de Poitiers, est en réalité le discours qu’il prononça ; l’année précédente lors de la remise des prix du collège. Le professeur plaide donc la création d’une université féminine, « avec des cours de décembre à Pâques, tous les matins de neuf à onze heures ». Il dit : « … La femme doit laisser à son mari le portefeuille des affaires étrangères et garder pour elle, avec un soin jaloux, le département de l’intérieur. Il faut donc que la future femme apprenne la science du ménage… Elle doit apprendre à faire ou à faire faire la cuisine, grave question, dont certains beaux messieurs se moquent en théorie mais qu’ils apprécient surabondamment en pratique. Elle doit connaître les lois de l’’hygiène (…) qu’il y a par exemple deux façons de faire enlever la poussière, l’une qui entretient la santé des habitants d’une maison, l’autre qui la compromet. Surtout, la mère moderne doit avoir appris son métier de maman ». Voilà un projet bien conservateur qui va susciter quelques réactions ainsi une enseignante dans un lycée de jeunes filles écrit à la revue  pour soutenir l’initiative tandis qu’un autre dénonce le « rêve dangereux » du professeur Souriau. Et en effet, la marche des femmes vers les universités sera longue et semées d’embûches. L’imagination masculine, mais pas que, sera extrêmement fertile quand il s’agira de trouver les raisons de ne pas ouvrir les portes. Rafraîchissons-nous la mémoire… Invitée : Amélie Puche, enseignante à l’Université de Lille. « Les femmes à la conquête de l’Université » paru éd. L’Harmattan. Sujets traités : Université, enseignement, Maurice Souriau, faculté, fille, collège, femme, santé,