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La Première

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Histoire

Un Jour dans l'Histoire

A qui profite le célibat des prêtres ?

33 min

| Publié le 20/09/23

Nous sommes dans la deuxième moitié du XIe siècle. Le chroniqueur Arnulf de Milan est l’auteur du « Liber gestorum », dans lequel il relate l’histoire de sa ville et de ses archevêques. Dans cet ouvrage, il revient sur un événement de la fin des années 1050. Il s’agit du prêche d’un clerc nommé Ariald qui s’adresse à ses semblables et à des laïcs. Ariald aurait dit : « De fait, des actes de luxure en tout genre pullulent chez les prêtres, les diacres et autres ministres du culte, tout comme cette hérésie simoniaque. Ces clercs doivent être rejetés, à plus forte raison s’ils sont nicolaïtes ET simoniaques ! Si vous espérez le salut du Sauveur, gardez-vous donc d’eux par tous les moyens en n’honorant aucun de leurs offices liturgiques. Leurs messes valent autant que des crottes de chiens et leurs églises sont pareilles aux étables du bétail. » Le chroniqueur cible donc les simoniaques qui achètent et vendent des biens spirituels ou des sacrements, ou encore des charges ecclésiastiques et les nicolaïtes, ces prêtres qui ne respectent pas les mœurs spécifiques aux membres de clergé, comme le mariage ou l’interdiction des relations sexuelles. Sa diatribe ne serait pas restée sans effets, puisque, peu de temps après, plusieurs clercs sont séparés, de force, de leur épouse. Certains sont roués de coups de bâton, d’autres menacés d’être passés par le fil de l’épée, leurs biens sont saccagés ou pillés. Nous sommes là au cœur d’une crise qui déchire la cité milanaise : les messes dites par des prêtres mariés perdent-elles de leur efficacité dès lors qu’elles sont « souillées » par leur sexualité ? Un débat, le mariage des prêtres, qui va déborder des murs de la cité lombarde et se voir accoler le terme d’hérésie ? L’institution ecclésiastique aurait-elle instrumentalisé la question ? La norme du célibat des prêtres aurait-elle été l’outil permettant de survaloriser une caste sacerdotale exclusivement masculine et détentrice du pouvoir culturel et économique ? Invitée : Isabelle Rosé, maître de conférences en histoire du Moyen Âge, à l’Université Rennes2. « La mariage des prêtres, une hérésie ? – Genèse du nicolaïsme » éditions PUF. Sujets traités : Arnulf de Milan, archevêque, église, prêtre, simoniaques, mariage, céllibat, célibataire, épouse, hérésie