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Tunisie: une commission propose de vastes réformes sociétales

2 min

| Publié le 20/06/18

Si la Tunisie est traditionnellement perçue comme pionnière dans le monde arabe en matière de droits des femmes, la Colibe est vue comme le fruit de la volonté du président Essebsi de laisser une trace dans l'histoire. Il s'inscrit ainsi dans le sillage de son modèle Habib Bourguiba, premier président de la Tunisie indépendante, qui avait modernisé le statut de la femme. Une trentaine d'ONG, dont la Ligue tunisienne des droits de l'Homme ou l'Association tunisienne des femmes démocrates, ont appelé le président à "faire droit aux espérances suscitées" par la Commission en "donnant suite à ses recommandations". Mais une coordination d'associations religieuses a protesté. Ces propositions constituent "un terrorisme intellectuel qui veut faire éradiquer l'identité tunisienne pour laisser notre peuple sans religion, sans identité", a fustigé Sabri Abdelghani, imam et membre de cette coordination. "Il y a des versets du Coran comme ceux relatifs à l'héritage et au délai de viduité qui ne peuvent être sujet à interprétation", a-t-il déclaré à l'AFP. La Colibe assure que son approche "n'est pas contraire à l'essence de l'islam", a souligné Iqbal Gharbi, islamologue et membre de la commission. "Personne n'a le monopole de l'interprétation du Coran, nous avons opté pour une lecture progressiste". La lenteur du processus législatif et l'approche d'échéances électorales majeures risquent d'entraver des réformes. "Ces propositions aussi bonnes et aussi progressistes soient-elles risquent d'être instrumentalisées par les conservateurs pour mobiliser leurs camps" dans la campagne des élections législatives et présidentielle de 2019, craint le politologue Hamza Meddeb. "En face, nous allons assister à une surenchère de l'anti-islamisme et du progressisme".