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Eddy Merckx perd le Tour 75 sur les pentes du Pra Loup

Tour de France 1975

1 min

| Publié le 13/07/75

13 juillet 1975: étape Nice-Pra Loup. Eddy Merckx tombe de son piédestal. Le Cannibale doit s'avouer vaincu face à plus fort que lui: le Français Bernard Thévenet. Eddy Merckx aborde les premières difficultés du Tour 1975 avec un bon matelas, créé lors des deux contre-la-montre déjà disputés. Ses principaux adversaires sont déjà à plus de 2 minutes et le Cannibale se montre serein. Pourtant, Merckx va perdre du temps au fur et à mesure des étapes de montagne. Loin de vaciller, le Belge perd quelques secondes et donne surtout l'impression à ses adversaires qu'il n'est plus aussi invicible que les autres années. Dans la transition entre le massif pyrénéen et alpin, c'est le drame. Dans l'étape se terminant au Puy de Dôme, Eddy Merckx est victime d'un coup de poing de la part d'un spectateur. Le champion belge accuse le coup mais parvient malgré tout à limiter les dégâts. Thévenet devance Merckx, lui reprend encore 30 secondes. L'écart se resserre en tête du classement général. Vient alors l'étape de Pra Loup, après un jour de repos. Eddy Merckx tente de remettre l'église au milieu du village. Après quelques tentatives de Bernard Thévenet, il place un contre implacable et s'envole dans le Col d'Allos. Luc Varenne, qui commente alors la course pour le RTBF est dithyrambique sur la prestation d'Eddy Merckx et l'impression donnée par cette attaque foudroyante. Merckx bascule seul en tête du Col d'Allos. Il continue son effort dans une descente à tombeau ouvert. Le revêtement de la route est médiocre, le ravin à portée de boyau. La voiture de Giancarlo Ferretti en fait les frais. Elle fait une chute de plus de 80 mètres sur le bord de la route. Ces risques inconsidérés permettent à Eddy Merckx d'entamer la montée finale vers Pra Loup avec plus d'une minute d'avance sur le peloton Thévenet. Le Bourguignon ne s'excite pas et sait que le terrain montagneux l'avantage plus que Merckx. Pourtant, le Cannibale continue sur sa lancée et le duel est palpitant. Tout se passe bien pour le maillot jaune, jusqu'à 4 kilomètres de la ligne. Merckx se désunit, il est saisi de vertiges, a le souffle coupé. Ses poursuivants ne demandent pas mieux. Felice Gimondi est le premier à doubler Merckx, bientôt suivi par Bernard Thévenet, qui s'envole vers la victoire d'étape. Zoetemelk et Van Impe vont aussi dépasser le quintuple vainqueur du Tour. Luc Varenne, qui n'avait pas de retransmission télévisée, tombe de sa chaise en apprenant le déroulé de la montée. Lui qui pensait voir Merckx triompher, doit commenter la victoire de son plus farouche adversaire, qui prend aussi le maillot jaune, pour 58 secondes. "Depuis des années, on attend que je m'effondre" déclare Merckx au soir de l'étape de Pra Loup. "Mais la défaillance n'est jamais venue. Pour être battu, il fallait que je tombe sur plus fort que moi. C'est fait. Bernard Thévenet était plus fort que moi!"