Une relation épistolaire, une enquête criminelle et une perte déchirante... Les deuxièmes choix pour Luc LangSous couverture avec Luc Lang
Sous couverture avec Luc Lang
7 min
| Publié le 05/11/19
MONSIEUR, JE NE VOUS AIME POINT, de Roger-Pol DROIT, chez Albin Michel. Petite entorse à la passion de Gorian Delpâture : Roger-Pol Droit n’est pas mort, contrairement aux deux hommes dont il est question dans "Monsieur, je ne vous aime point", une histoire d’amitié impossible. 21 avril 1760, Jean-Jacques Rousseau écrit à Voltaire ce qui sera le point d’orgue des échanges épistolaires entre ces deux philosophes des Lumières, probablement les deux plus grands. Ils ne se sont jamais rencontrés, ils étaient en tout opposés. Et pourtant, à travers leurs échanges, on analyse ce qui a pu les relier, tout ce qui a pu les faire s’admirer réciproquement. Finalement, après moultes déceptions et insultes, ils se haïront, jusqu’à la mort qui les séparera définitivement la même année, en 1778. "Monsieur, je ne vous aime point" est le premier roman d’un autre philosophe, Roger-Pol Droit, qui offre au lecteur une fête de grand style autour de cet amour-haine entre deux sommités que la destinée a rassemblé au Panthéon. MOURIR LA NUIT, de Anne-Cécile HUWART, chez Onlit Editions. Anne-Cécile Huwart est journaliste. Pendant cinq ans, à Bruxelles, elle a suivi deux enquêtes criminelles. Deux enquêtes autour de deux hommes, assassinés la même nuit mais aux vies radicalement opposées. Le premier était sdf, il a perdu la vie dans un parking de la place Rogier. Le second était homosexuel et c’est dans sa belle maison d’Uccle qu’il a été tué et mutilé. Anne-Cécile Huwart a tout suivi, des enquêtes jusqu’aux procès. De cette expérience unique, elle fournit cet ouvrage de littérature du réel où tout est vrai mais romancé. Aux côtés de Natacha Barthel, commissaire à la criminelle, telle un médecin légiste, l’auteure décortique les nombreuses investigations, détaillant tout, analysant tout, à travers un véritable art de la reconstitution. Mourir la nuit, le premier roman d’Anne-Cécile Huwart est fascinant, il ouvre la porte au commun des mortels sur un univers de brutalité insoupçonné : glaçant de vérité. UN ENFANT, de Patricia VERGAUWEN et Francis VAN de WOESTYNE, aux éditions Grasset. Le 4 novembre 2016, Victor, 13 ans, tombe du toit de la maison de ses parents, Patricia Vergauwen et Francis Van de Woestyne. Il mourra devant les yeux de sa mère, médecin, impuissante. Victor avait aussi trois sœurs et un frère, ce tragique accident a marqué chaque membre de la famille à jamais. Un enfant est un livre de rédemption pour le couple qui y relate, minute par minute, les moments difficiles que des parents traversent lorsqu’un enfant meurt. De façon digne, les auteurs disent l’indicible avec passion. Ils expriment leur colère, leur impuissance face au destin. Ils parlent du déni mais surtout du manque, du deuil qui ne finit jamais. "Un enfant", c’est un livre poignant mais aussi un livre d’espoir, un livre d’une déchirante vérité où demeure présent Victor. Ce livre terrible constitue un véritable travail de courage qui rend à Patricia Vergauwen et Francis Van de Woestyne l’envie de vivre, pour eux mais aussi pour le souvenir de Victor. Un livre qui doit être lu.