Tragédie, immersion et nouvelles de Belgique pour Nadine MonfilsSous couverture avec Nadine Monfils
Sous couverture avec Nadine Monfils
8 min
| Publié le 14/11/19
Avec Marie, on ne rigole pas ! Avec Michel, on voyage ! Et enfin, avec Thierry, on reste dans ce plat pays qu'est la Belgique. Voici quelques-uns des choix proposés pour Nadine Monfils. JE M’APPELLE LUCY BARTON, d’Elizabeth STROUT, Le Livre de Poche. Ce roman est-il une fiction ou une réalité ? Dans Je m’appelle Lucy Barton, la narratrice, Lucy, revient sur une période de sa vie où, hospitalisée à New- York pour une appendicite, elle ne reçoit aucune visite, ni son mari, ni ses filles. Un jour, elle va avoir une surprise, de taille : sa mère, avec qui elle n’avait plus de contact, a pris l’avion pour venir la voir ! La chambre d’hôpital devient alors le réceptacle de la reconstruction d’une intimité entre mère et fille qui évoque tant de souvenirs de leur petite ville de l’Illinois. Pendant des années, la famille a vécu dans un garage, par manque de moyen, par pauvreté. Il y avait aussi la honte d’être démunis, pour se réchauffer, Lucy retournait à l’école. Il y avait encore la faim, la rudesse du père, la solitude. Et puis, Lucy recevra une bourse pour aller étudier à New-York. Elle y demeurera. Lucy évoquera aussi son mariage, ses débuts de romancière dans la ville qui ne dort jamais. Je m’appelle Lucy Barton, c’est toute une existence qui revient à la surface, c’est une histoire de la pauvreté, pauvreté tout court mais aussi pauvreté humaine. C’est également une belle confrontation, celle de la relation entre une mère et sa fille. BARBÈS TRILOGIE, de Marc VILLARD, aux éditions Gallimard, Série Noire. Comme l’indique le titre, Barbès trilogie, c’est l’édition, pour la première fois en un seul volume, de trois courts romans écrits entre 1987 et 2006, dont l’action se déroule dans ce quartier populaire du nord de Paris qu’est Barbès. Marc Tramson y est éducateur de rue. Discrètement, il veille à ce que les mineurs dont il a la responsabilité demeurent sur les rails. Il y a un jeune homo dont la tête est mise à prix, il y a une jeune prostituée congolaise qui rêve de devenir artiste-peintre, il y a aussi Fari, une dealeuse qui, accidentellement, a tué un homme. Dans Barbès trilogie, Marc Villard parle de vrais gens, d’une ambiance, d’un quartier qui, à travers les trois romans et les années, a évolué, évolue. Un recueil où se dépeignent beauté et laideur qui s’entremêlent dans un quartier populaire. À Barbès, comme dans tant de quartiers du genre dans tant de grandes villes à travers le monde, il y a de tout : de la drogue, de la prostitution, on assassine aussi… mais, en même temps, on s’entraide aussi beaucoup. WILFRIED MAGAZINE. Wilfried, c’est le magazine qui raconte la politique belge à la façon d’un roman. Dans son 9ème numéro, l’édition d’automne 2019, Thierry Bellefroid a épinglé deux articles. Le premier est un entretien avec l’auteure Lieve Joris, « Malgré tout, les Congolais n’ont pas perdu la capacité de nous aimer », bien placée pour évoquer ce pays, tant il fut pendant très longtemps le centre de son inspiration en matière littéraire. Le second article s’intitule « De Liège à Coxyde sur les pas de Simenon : un pays de brocante ». En (re)découvrant les décors qui ont inspiré le grand romancier, François Brabant brosse le portrait d’un pays bric à brac où toute certitude est mise au défi. NOUVELLES DE BELGIQUE, collectif : Patrick DELPERDANGE, Kenan GÖRGÜN, Katia LANERO ZAMORA, Nadine MONFILS, Alfredo NORIEGA, Aïko SOLOVKINE, aux éditions Magellan & Cie, collection M.I.N.I.A.T.U.R.E.S. Attention, Nouvelles de Belgique n’est pas une gazette d’information, c’est encore moins un recueil d’auteurs belges, même si certains sont bel et bien nés en Belgique et y vivent même parfois. Cet ouvrage collectif est constitué de récits d’auteurs francophones qui parlent de la Belgique, ce pays à cheval sur plusieurs cultures, plusieurs langues ou plusieurs identités, ce pays qui a quelque chose de « marginal » et d’« ex-centrique » tout à la fois. Les ressortissants étrangers, en particulier ceux issus de la période coloniale au Congo, et beaucoup d’autres, y vivent nombreux, c’est ce qu’on appelle la multiculturalité. Rien d’étonnant donc à la grande variété des influences « étrangères » qui traverse les nouvelles qui composent ce recueil. Sur un ton à la fois réjouissant et glaçant, on y trouve aussi des références au polar, à l’intimisme, à l’histoire contemporaine ou à l’absurde. Un régal.