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Musique

Rachmaninov ou l'art noble

Episode 01 : Les racines

52 min

| Publié le 12/02/24

« Je sais, lorsqu’il est question de l’ancienne Russie, celle d’avant la Révolution, que beaucoup de ce qu’on dit est sujet à caution. Surtout si l’on peint tout en rose. Et à l’inverse, si on critique la Russie actuelle, l’URSS comme on l’appelle maintenant, on est soupçonné d’avoir subi des pertes matérielles à cause du changement de régime. Je ne parlerai pas de l’actuelle Russie. D’ailleurs, je n’y vis plus. Mais j’évoquerai tout de même l’ancienne Russie, celle que j’ai connue. Et croyez-moi, tout le bien que je vais en dire n’est que la vérité. Nos grands écrivains, Tolstoï, Dostoïevski, Tourgueniev, Tchekhov, connus dans le monde entier sont nés et sont morts dans l’ancienne Russie. Nos célèbres compositeurs Tchaïkovsky, Moussorgsky, Rimsky-Korsakov, aussi. Des scientifiques remarquables comme Mendeleïev, Metchnikov, Pavlov. Toutes les richesses artistiques du pays réunies dans les musées de Moscou et de Petrograd proviennent de l’Ancienne Russie » dit Serge Rachmaninov qui voit le jour en 1873 dans une famille aristocratique russe. De par son rang, il aurait dû embrasser une carrière militaire mais le destin en a décidé autrement. Alors que le paysage politique de l’Empire russe commence à changer, le jeune Serge doit déjà faire face aux difficultés de la vie, deux de ses sœurs meurent, l’une est emportée par la diphtérie, l’autre succombe à une anémie pernicieuse. En outre, son père, infidèle, dilapide la fortune familiale. « C’est un vaurien, un joueur compulsif, un menteur pathologique et un chasseur de jupes » dira le compositeur qui est alors élevé par sa mère et sa grand-mère. Cette dernière va jouer un rôle capital dans l’éducation musicale de Rachmaninov. C’est avec elle qu’il se rend à l’église et qu’il s’imprègne des chants orthodoxes russes, des chants qui seront une source inépuisable d’inspiration pour le compositeur. C’est aussi lors de ces offices religieux qu’il développe une véritable passion pour les cloches. La fascination est telle que dans beaucoup de ses œuvres, il n’aura de cesse d’imiter musicalement, le son et tintements des cloches et carillons.