Photo | Brut # 2 au BotaniqueLes images actuelles de la Photographie brut
Les images actuelles de la Photographie brut
8 min
| Publié le 27/11/22
|Disponible jusqu'au 28/11/2023
"Photo | Brut" est une exposition plurielle qui se tient en quatre lieux : La Centrale électrique, le Botanique, le Musée Art et Marges et la Tiny Gallery. Elle aborde un médium peu exploré de l’art outsider, la photographie. Art brut L’Art brut est une appellation créée en 1945 par Jean Dubuffet pour désigner la collection qu’il avait constituée. Elle comprenait des travaux réalisés par des marginaux exempts de culture artistique. Les créateurs sans formation académique connaissaient une situation d’enfermement : fous, prisonniers, reclus, mystiques, médiums. Le terme "Art brut" employé aujourd’hui désigne les productions de personnes fragilisées par une déficience psychique ou de créateurs marginaux qui échappent à la reconnaissance du milieu de l’art, même si les expressions de la "marge" occupent une place de plus en plus importante sur le marché de l’art. A l’origine, le label "art brut" était attaché exclusivement à la collection du créateur de l’Hourloupe. De multiples formulations ont vu le jour pour remplacer le terme forgé par Dubuffet : art différencié, art en marge, art situé, art outsider ou raw art. Les expressions tentent de nommer un mouvement artistique qui, se distinguant de la production artistique conventionnelle, n’échappe nullement au paradoxe de l’exclusion, toute relative aujourd’hui du fait de l’engouement que ces formes d’expression suscitent dans les milieux reconnus de la monstration (terme monstrueux signifiant exposition). Photo brut L’histoire de la photo brut se décline en deux chapitres : les images historiques et les créations d’aujourd’hui. Les premières sont exposées à la Centrale électrique ; les deuxièmes présentées au Botanique. Elles sont issues pour la plupart de la collection du cinéaste et producteur français Bruno Decharme. Les "Rencontres de la photographie d’Arles" avaient montré en 2019 un ensemble de cinq cents images sorties de ce remarquable corpus comptant près de mille documents : photographies, collages et photomontages. En 2021, le "Folk Art Museum de New York" mettait également à l’honneur la collection. Photo | Brut # 2 Le Botanique présente des œuvres d’aujourd’hui dont les collages du Belge Dirk Martens. Récemment disparu, il envisageait une régulation des naissances à l’Atomium. Les neuf boules du bâtiment correspondaient au nombre de mois de gestation. Les images de ces créateurs ont parfois été réalisées dans des ateliers qui réunissent des personnes fragilisées et des animateurs-artistes comme par exemple à "La « S » Grand Atelier" à Vielsalm, un centre d’art brut et contemporain reconnu par la Fédération Wallonie-Bruxelles. Les réalisations, assure la directrice Anne-Françoise Rouche, ne sont pas des œuvres à quatre mains, mais elles sont exécutées par l’artiste brut, en toute indépendance. Les œuvres en miroir de leurs créateurs font apparaître une image plurielle du corps : le corps de soi maltraité, le corps à deux dans la relation érotisée et le corps fantomatique. Les clichés, les collages, les montages et les recouvrements de peinture qui blessent ou biffent l’image déconstruisent ou reconstruisent un corps fantasmé. Anne-Françoise Rouche, fondatrice et directrice de La « S » Grand Atelier, au micro de Pascal Goffaux.