Notre-Dame de Paris, le chantier du siècle

La fabrique du sacré

Notre-Dame était un miracle de structure et de proportions, qui convoquait la hauteur, la lumière et l'acoustique à une sollicitation de nos sens. Son espace était le berceau de l'orgue le plus célèbre du monde. Un lieu où les prières et la musique résonnaient avec émotion et beauté. Aujourd'hui, Notre-Dame s'est tue, elle a perdu sa voix. Pour que l'orgue puisse y jouer à nouveau, la cathédrale doit retrouver son acoustique d'origine. Elle doit aussi retrouver sa lumière, et ses couleurs. Si le monument peut s'enorgueillir d'avoir conservé tous ses vitraux intacts, ce sont tout de même plus de 1000m² de verre à délivrer d'une épaisse couche de suie et de poussière de plomb. Et sous les couches de restauration successives, la pierre semble sur le point de livrer quelques indices de son état de couleur d'origine. Car les archéologues viennent de découvrir la preuve que Notre-Dame était intégralement peinte. La science est ici, plus que jamais, au service du sacré. Les hommes et les femmes travaillant sur le chantier de Notre-Dame savent aujourd'hui à quel point le monument est fragile. Pourtant, il a survécu comme il avait survécu aux guerres et aux révolutions auparavant. De son sous-sol au sommet de sa flèche, la restauration qui s'annonce doit porter les mémoires successives des hommes qui ont contribué à sa conservation, pour les générations futures.