L'Heure H

Carmen Amaya, l’âme du flamenco

Nous sommes en 1929, à Somorrostro, un quartier ouvrier de Barcelone, aujourd'hui disparu sous les hordes de touristes. Carmen Amaya s’agite devant le miroir de sa chambre. Elle a enfilé ses grands anneaux dorés et attaché ses cheveux dans un gros chignon serré. Sa robe rouge à pois blancs est ajustée. Mais son visage encore poupon ne la satisfait pas. Des boutons d’acné ont fait leur apparition sur son front. Généralement elle s’en fiche, il n’y a pas besoin d’être jolie pour danser ! Une fois que son père se met à la guitare, Carmen n’entend plus que les notes de musique et le rythme des claquements de mains et elle s’élance alors sans plus penser à rien ! C’est un rituel qu’elle connaît, elle a ses habitudes et sa nonchalance témoigne de son aisance. Mais aujourd’hui tout a une saveur particulière. Sa mère l’appelle : “ Carmen, vamos ! Il est l’heure d’y aller !” Et même le son de sa voix semble différent… Nous sommes le 20 mai 1929, le soleil brille, il éblouit les passants. Du haut de ses 16 ans, Carmen est loin d’imaginer que, des décennies plus tard , nous nous rappellerions de ce jour de printemps… Il est 15h45, l’heure H de notre histoire.