Les Quatre Saisons d'Ibrahim Ouassari"J'ai peur qu'on revienne en 2019"
"J'ai peur qu'on revienne en 2019"
21 min
| Publié le 08/07/21
20 janvier 2020. Sundar Pichai, le patron d’Alphabet, est en visite à Bruxelles. A-t-il rencontré le roi Philippe, la Première ministre Sophie Wilmès, la Commissaire européenne Ursula Von Der Leyen ? Non. Sundar Pichai se rend 10, Place de la Minoterie à Molenbeek-Saint-Jean pour visiter les locaux de MolenGeek, une entreprise multifacette, tant école de coding qu’incubateur de start-up. Sundar Pichai ne vient pas les mains vides : un chèque de 200.000€ pour soutenir Molengeek. Le patron d’Alphabet avait également autre chose à son agenda ce jour-là, mais tout de même, le symbole est fort. Symbole justement, c’est un mot important pour le cofondateur de Molengeek, Ibrahim Ouassari. Né en 1978, ce jeune Molenbeekois est le dernier né d’une famille de 8 enfants. Malgré les exemples de réussite dans les études que compte sa famille (deux ingénieurs, un juge, etc.), le jeune Ibrahim n’y arrive pas à l’école. Qu’il quitte avant la deuxième secondaire. S’en suivra un parcours cabossé d’autodidacte jusqu’à l’arrivée du numérique. Aujourd’hui, devenu membre du conseil d’administration de Proximus, Ibrahim Ouassari se dit symbole des jeunes qui ont raté leur étude, qui ont des origines étrangères, qui habitent à l’ouest du canal à Bruxelles. Dans cet épisode d’été du podcast "Les Quatre Saisons", ce papa de 5 enfants nous parle de son parcours, de ce qui le fait avancer. De politique aussi : indépendant politiquement – il insiste – du MR qui l’a nommé au CA de Proximus, Ibrahim Ouassari "n’avait pas le choix : refuser, ça signifiait que je pouvais plus dire qu’il y avait un manque de diversité". Aujourd’hui, il en est à expliquer à un autre public que celui dont il est issu que non, "le non-respect des règles n’a rien de culturel, que tout le monde ne vit pas dans une villa 4 façades avec un jardin." Ibrahim Ouassari voit une évolution de notre société, des jeunes. Mais il confesse une inquiète, qu’on oublie la pandémie, les dégâts qu’elle a provoqués, "j’ai peur qu’on revienne en 2019".