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La Première

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Les coulisses du pouvoir

Un futur gouvernement d’austérité ?

4 min

| Publié le 13/02/24

Le prochain gouvernement sera-t-il celui du retour de l’austérité ? C’est la crainte de la gauche après l’accord européen autour des règles budgétaires européennes. À droite on se réjouit, pourtant. Une campagne pour rien ? Et si cette campagne ne servait à rien ? Et si toutes ces belles promesses de gauche de revaloriser le salaire minimum à 2800 euros ou ces belles promesses de droite d’une réforme fiscale améliorant les salaires nets de 400 euros par mois volaient à la poubelle ? À bien lire l’accord intervenu entre le Conseil européen et le Parlement, l’avenir budgétaire de la Belgique est tout tracé. L’idée est de mettre fin à la parenthèse qui a permis aux pays d’ouvrir leur bourse durant le covid et la crise de l’énergie et de revenir, avec quelques aménagements pour des investissements en matière de transition ou de défense, aux sacro-saintes règles de Maastricht. 3% de déficit annuel et 60% d’endettement. La Belgique fait partie des pays européens les plus touchés par ces règles, elle caracole à 106% de dette publique, et un déficit de près de 5%. À la grosse louche, un ou deux milliards près, s’annoncent 27 milliards d’euros d’économie sous la prochaine législature, 4 milliards d’euros d’efforts par an. Soit beaucoup, beaucoup plus que ce qui a été fait jusqu’à aujourd’hui. Le gouvernement De Croo se targue de 11 milliards d’assainissements en 5 ans. Dépenses ou recettes ? La rigueur sera donc de mise pour le prochain gouvernement ? Quoi qu’il arrive ? C’est l’interprétation d’Alexia Bertrand, dans Le Soir, la secrétaire d’État au budget Open Vld, appelle à se concentrer sur la réduction des dépenses. Elle pousse pour des réformes du marché du travail et de la fiscalité pour réaliser des économies. À gauche, PS, Ecolo, PTB évoquent déjà le retour de l’austérité et s’y opposent au Parlement européen. PS et Ecolo oublient un peu vite que ces règles ont été négociées sous la présidence belge de l’Union européenne et bénéficient de l’appui du gouvernement belge, dans lequel ils figurent. Mais, PS et Ecolo appellent à plutôt réaliser des efforts en recettes, par exemple par un impôt sur la fortune qui pourrait rapporter 5 milliards d’euros par an. La question n’est pas de savoir si la Belgique va devoir fournir des efforts pour revenir dans les lignes européennes, mais de savoir comment répartir cet effort. De quoi rendre la campagne beaucoup moins sexy, il faut bien l’avouer. Et de quoi rendre la formation du gouvernement beaucoup plus difficile. Le professeur Herman Matthijs, professeur de finances publiques à l’Université de Gand, évoque une bombe nucléaire pour la formation du prochain gouvernement. Coucou hibou ? Si la formation du gouvernement joue les prolongations, cela va poser problème. Mais aussi forcer la solution. C’est contre-intuitif, mais ces dernières années, c’est la pression extérieure qui a conduit, ou précipité la formation des gouvernements. Souvenez-vous en 2020, c’est une longue partie de cache-cache dans la forêt lointaine. Après plus d’un an de coucou hibou, la formation s’est terminée grâce à la pression du Covid. En 2011 après 541 jours de coucou hibou, c’est la pression des marchés qui a pesé, la note de la Belgique se dégradait dangereusement par rapport à l’Allemagne. Il n’est pas interdit de penser que ces nouvelles règles nous obligent à accélérer la formation d’un gouvernement. Ou pas… C’est que le coucou hibou est un jeu de patience.