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Les coulisses du pouvoir

Evras : les politiques font (presque) bloc face à la polémique

5 min

| Publié le 18/09/23

Les politiques font face à la polémique suscitée par l’EVRAS, l’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle. Pas de fracture majeure depuis l’incendie de plusieurs écoles. Le texte avait été voté à la quasi-unanimité il y a deux semaines. Dans la plupart des cas, les sujets qui divisent la société divisent aussi les élus, les parlementaires et les partis. En fonction de leurs intérêts électoraux, de leur stratégie et de leurs convictions, les élus suscitent ou épousent les grands clivages. Ici ce n’est pas le cas, ou très peu. On signalera que l’EVRAS a été voté par le Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles à l’unanimité moins trois abstentions de la part des Engagés. Aucune voix discordante de la part du PS-MR-ECOLO-DEFI-PTB et trois abstentions seulement du côté des Engagés, héritiers du cdH et du PSC, mais même là, aucun vote contre. Pourquoi donc la représentation populaire n’épouse-t-elle pas ces lignes de fracture sur l’EVRAS ? Pourquoi la polémique, qui monte jusqu’à la violence politique, ce qui reste rarissime chez nous, ne trouve-t-elle pas de traduction politique chez les élus ? Plusieurs hypothèses. La première : la polémique n’est pas le reflet d’un clivage. C’est-à-dire d’une division de la société en blocs d’électeurs. On serait face à une préoccupation ultra-minoritaire qui s’exprime fortement. Ou alors face à une polémique basée sur de la désinformation, ou une mauvaise compréhension des décisions prises. Si c’est cela, alors la polémique devrait rester circonscrite. L’autre hypothèse, c’est que les élus sont dépassés par un clivage qu’ils n’ont pas vu venir. Les partis auraient alors été dépassés par une nouvelle division de la société autour des questions liées à la sexualité, en particulier les questions de genres, puisque c’est l’un des éléments le plus souvent cités par les opposants à l’EVRAS. Dans ce cas, la polémique devrait rapidement rattraper les politiques et susciter de nouvelles divisions au sein des élus, avant ou après les élections. Mais la récupération du mouvement de contestation par les partis sera compliquée. Parce que la contestation coagule des points de vue très différents : des citoyens simplement inquiets, des anti-woke, des islamistes, des catholiques conservateurs, des groupuscules d’extrême droite (etc.). Généralement, la concaténation de points de vue aussi divers, et parfois contradictoires, ne débouche pas sur une traduction forte dans le champ politique. Parce que, au moment des élections, ces électeurs sont mobilisés sur d’autres clivages plus majeurs pour eux. Mais bien évidemment, cela peut changer. La viralité de ces nouvelles mobilisations, la volatilité de l’électorat peut déboucher sur des mouvements électoraux qu’on n’imaginait pas il y a encore quelques années. En tous les cas, les incendies dans les écoles ont soudé les différents partis, à quelques exceptions. Décortiquons ; du côté des Engagés, qui gardent encore une base électorale catholique, il y a eu trois abstentions au parlement. Mais le président Maxime Prévot a été très clair sur les incendies. Du côté du président des Engagés, pas d’appel, à ce stade, à rouvrir le débat sur l’EVRAS au Parlement. Condamnation ferme également des présidents du PS, d’Ecolo, de Défi et soutien à l’EVRAS. Le PTB s’est très peu exprimé sur la question, le président Raoul Hedebouw. Mais la députée Sophie Merckx a condamné les incendies, pas d’appel à revoir l’EVRAS non plus. Enfin, au MR, le président de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Pierre-Yves Jeholet, la ministre Françoise Bertieaux, la chef de groupe Diana Nikolic ont tous condamné les incendies, n’ont pas critiqué l’EVRAS et n’ont pas demandé de rouvrir le dossier. Seul, à se démarquer, Georges-Louis Bouchez a mis beaucoup de temps à réagir aux incendies, lui qui se veut en pointe du combat contre le wokisme et la théorie du genre. Après plusieurs jours, il a finalement concédé un "qui ne condamnerait pas l’incendie d’écoles". Mais son indignation n’était pas dirigée contre les auteurs des crimes mais contre les villes dirigées par les socialistes où on n’appliquerait pas la tolérance zéro et contre la RTBF. Derrière ces indignations on ne sait toujours pas si le président du MR soutient à 100% le vote unanime de son parti au parlement de la Fédération. Ni s’il souhaite que son parti rouvre le dossier de l’EVRAS au gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles.