Marcel Top, Prix Médiatine 2024

L'impact des technologies sur la vie quotidienne

Le "Prix Médiatine" orchestré par le Centre culturel Wolubilis (Woluwe-Saint-Lambert) est un concours réservé aux jeunes artistes plasticiens belges ou résidant en Belgique, toutes disciplines confondues. Il récompense sept artistes. Le prix le plus important est attribué cette année à Marcel Top. Marcel Top originaire d’Ypres est né en 1997. Il a étudié la photographie à l’Inraci à Bruxelles et a suivi un master en photojournalisme à l’University of the Arts de Londres. L’approche documentaire nourrit sa réflexion et sa création. Attentif à l’impact de la technologie sur la vie quotidienne, privée ou sociale, il montre deux projets dans une exposition des lauréats du Prix Médiatine. Elle est présentée à "La Médiatine" à Woluwe-Saint-Lambert jusqu’au 17 mars. Le premier projet est titré "Inferences". Les portraits évoquent des têtes ou des visages aux déformations monstrueuses. Ils font penser à John Merrick, l’homme-éléphant. Dans le film de David Lynch, l’acteur John Hurt interprétant Elephant Man criait : « I’m not an animal. I’m a human being ». Les créatures de Marcel Top ont une part d’humanité. Constituées de fragments d’autoportraits, elles ont été créées par un algorithme générateur d’images. Elles apparaissent telles des représentations d’un alter ego virtuel, mais altéré à l’instar d’un profil d’internaute brossé par un réseau social en vue d’un ciblage publicitaire. L’artiste s’inspire des données le concernant récoltées par Twitter/X. Les informations sont tantôt exactes, tantôt erronées. Elles créent une image difforme de l’utilisateur. Marcel Top a classé les informations et traduit les catégories en codes couleur. Les autoportraits ou doubles virtuels de l’artiste empruntent à ces codes couleurs. Chaque image apparaît dans les tonalités d’une couleur dominante et est imprimée sur papier métallique. Unpunished Expeditions est le deuxième projet. Marcel Top a infiltré online des groupuscules d’extrême droite arborant des signes néonazis ou néofascistes. La banalisation des images l’avait interpellé. Il a collecté des photos de militants et réalisé une galerie de silhouettes. Il a ensuite procédé à un collage. La superposition de figures à teneur violente ou effrayante brouille l’apparition de l’image et la rend paradoxalement évanescente. Seul un symbole de ralliement apparaît nettement à l’image. Marcel Top au micro de Pascal Goffaux.