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"Le grand Jabadao" Jean-Luc Coatalem

Book-Box avec Lucile Poulain

3 min

| Publié le 07/02/22

Comment ça vous ne connaissez pas le Jabadao ?! Cette danse bretonne traditionnelle, uniquement dansée dans l'ouest et le sud-ouest de la Cornouaille ? Ce reliquat des anciens rites païens, signifiant « sabbat » et célébrant la fécondité ? Et bien pour tout vous dire Lucile ne le connaissait pas non plus, comme quoi les Bretons ont encore bien des secrets pour nous, pauvres mortels que nous sommes. Bref si on part en Cornouaille ensemble aujourd'hui c'est grâce à Jean-Luc Coatalem avec un roman comique publié aux éditions Le dilettante, dont vous ne sortirez pas indemne : « Le grand Jabadao ». Dans ce roman complètement fou, il part sur les traces d'une embrouille qui ne sent pas bon, mais alors pas bon du tout : c'est l'histoire de Scorff, un galeriste parisien, marchand d'art désargenté, qui mord littéralement à l'hameçon de deux frères, Zac et Bram Kerven. Les deux rouquins originaires de Lendévennec prétendent détenir de leur vieil oncle une version du célèbre tableau : L'origine du monde. Le scénario est parfaitement ficelé, Scorff tire déjà des plans sur la comète, appelle ses contacts pour trouver un acheteur, mais vous l'aurez sûrement anticipé ; c'est quand on croit connaître les cartes de tous les joueurs autour de la table qu'on tombe... dans le tableau ! Dans le genre comique, vous en aurez pour votre argent grâce à ce tableau, mais vous pourriez aussi vous poser des questions sur les pouvoirs de l'art, tantôt merveilleux tantôt dramatiques, un peu comme l'avait déjà fait Marguerite Yourcenar dans son conte philosophique (et fantastique on peut le dire) paru en 1936 : « Comment Wang-Fô fut sauvé ». L'histoire se déroule dans la Chine médiévale, avec Wang-Fô, un peintre qui se contente de vivre dans la pauvreté loin des vicissitudes de la fortune, afin de se consacrer à l'excellence de son art. Il est accompagné de son disciple nommé Ling, et ces deux derniers sont arrêtés par l'empereur car Wang-Fô a, selon lui, trop bien peint le monde, si bien que l'empereur ne parvient plus à l'apprécier tel qu'il est, en dehors des toiles du maître. Histoire fascinante ! Et si vous voulez aller encore plus loin dans la brèche spatio-temporelle philosophico-picturale, comment ne pas citer le fabuleux, le merveilleux, mais le terrifiant portrait de Dorian Gray... Oscar Wilde nous a fait cadeau de ce bijou littéraire en 1890 pour commencer, un manuscrit qui connaîtra bien des misères !