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Le diable à Moscou

Chronique de Gorian Delpâture

3 min

| Publié le 21/11/20

La chronique de Gorian DELPÂTURE : LE MAÎTRE ET MARGUERITE, de Mikhaïl BOULGAKOV, éd. Inculte, 2020. Le plus grand roman russe de la première moitié du XXe siècle. Moscou, années 1920-1930, le stalinisme est tout puissant, l’austérité ronge la vie et les âmes, les artistes sont devenus serviles et l’athéisme est proclamé par l’État. C’est dans ce contexte que le diable décide d’apparaître et de semer la pagaille, bouleversant les notions de bien, de mal, de vrai, de faux, jusqu’à rendre fous ceux qu’il croise… Le Maître et Marguerite, c’est l’imbrication de trois histoires. Il y a d’abord l’arrivée de Satan dans le Moscou de ces années de la dictature, où la vie privée n’existe plus, il n’y a plus de refuge ni contre la dictature ni aux yeux des autres. Ensuite, il y a l’histoire d’un écrivain, le Maître, et de sa bien-aimée Marguerite, une histoire d’amour bouleversante car, sans Marguerite, le Maître ne pourrait exister. Enfin, il y a le roman du Maître, le roman de Jésus, Yeshoua, un roman qui mènera à l’arrestation du Maître, considéré comme fou car l’écriture d’un tel roman est totalement impossible dans la Russie soviétique… Le Maître et Marguerite, c’est un monument de beauté et de profondeur de la littérature mondiale, un chef-d’œuvre de la littérature russe, un livre culte qui dénonce dans un rire féroce les pouvoirs autoritaires, les veules qui s’en accommodent, les artistes complaisants, l’absence imbécile de doute. Une œuvre qu’il faut lire pour sa cruauté première, son souffle romanesque, son universalité.