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Culture

Darwin, Le feu sournois consume, exposition radicale à Tournai.

La mise au point sur la noirceur de l'enfance

13 min

| Publié le 21/03/23

Darwin aborde l’autobiographie par le biais de l’enfance. Un prénom suffit à l’artiste qui tente d’oublier le nom et le prénom qui lui ont été attribués à la naissance. Il a pu changer le prénom uniquement. Il est né le 11 mai 2021, à l’âge de trente trois ans. Darwin qui a fréquenté l’Académie des Beaux-Arts de Tournai en études secondaires a suivi des cours de design et d’architecture d’intérieur ainsi que des cours de dessin industriel. Altérations de la matière La "Mason de la Culture" de Tournai et la "Galerie du Lapin perdu", située dans une salle de l’académie, offrent une carte blanche à Darwin. Il expose ses œuvres récentes sous le titre "Le feu sournois consume". Le cœur de l’exposition est constitué d’une double série de vingt-cinq images photographiques traitées de manière numérique. Le corpus initial rassemble des photos d’enfance où le gamin apparaît dans des scènes banales d’une enfance heureuse, en apparence. Il pose le cornet de glace à la main ou à côté du sapin de Noël, sur une balançoire ou un cheval de bois ou au stand de la pêche aux canards. Le format d’origine des clichés est modifié. Les images carrées ou rectangulaires prennent l’apparence de polaroïds avec leur encadrement blanc caractéristique des photos instantanées. Les images recadrées mettent l’enfant au centre. Le reste de la photo est altéré. Le brillant de la surface est détérioré. Le visage de l’adulte est brûlé. L’altération permet une manifestation des scènes en adéquation avec le souvenir violent qu’en garde Darwin. L’imaginaire du feu remonte sans doute à un événement traumatique de l’enfance, l’incendie de la maison familiale, attribué dans l’histoire à la mère du gamin. L’enfant avait cinq ans. En 2016, à l’âge de 28 ans, il présente une exposition "Maman, tout est pardonné" qui prend place dans le Cimetière du Sud à Tournai où est inhumée sa maman. Ecoutez d’où ma peine vient Un piano brûlé diffuse le deuxième mouvement de la sonate n° 14 de Beethoven mêlé à des crépitements suggestifs. Une partition lancinante de bruits secs ajoute à la mélancolie de la musique. Le feu sournois consume. Le verbe transitif tait par pudeur son objet. Ici et maintenant Un miroir réfléchit l’image de la personne qui se regarde. Je suis ici Je suis maintenant inscrit sur la glace oblige le regardeur à modifier la mise au point. En effet, pour lire le texte, il doit déplacer son regard et oublier son reflet dans la glace. Le miroir qui accueille le visiteur est un manifeste de l’œuvre de Darwin, en son entier. Elle n’est entachée ni de narcissisme ni de complaisance. Le regard distancié permet la prise de conscience du moi qui vit ici et maintenant et en lien avec le passé apaisé laisse refroidir les cendres de l’enfance. Darwin au micro de Pascal Goffaux