L'Heure H

Pour l’amour de Kalinka : l’affaire Krombach

Dans le box des accusés, Dieter Krombach. 75 ans, cheveux bruns, lunettes posées sur le nez, l’homme fixe les magistrats. Il ne comprend pas la question du juge. Ou vraisemblablement, il feint de ne pas la comprendre. « Que dites vous ? » Son accent allemand résonne dans le tribunal. Il place la main contre l'oreille, feignant un problème de compréhension. L’homme, en réalité, s’exprime parfaitement en français. Assis dans la salle d’audience, André Bamberski l’observe. Cela fait trop d’années que cette ordure se dérobe à la justice. « Cette fois, tu n’échapperas pas à ton jugement », pense Bamberski. Le septuagénaire aux cheveux blancs argentés semble imperturbable. Assis, digne, droit. Le regard déterminé mais usé, André Bamberski pense à Kalinka. Sa fille, son enfant. Sa merveille. Cela fait plus de trente ans qu’André Bamberski combat l'assassin de Kalinka. 30 ans à lutter sans relâche, avec obsession et méticulosité, pour que la justice s’applique. Pour sa fille, et sa mémoire. Dans ce tribunal français, ce 28 mars 2011, c’est toute la puissance et la rectitude d’André Bamberski qui s’oppose à la flamboyance de l’assassin de sa fille. Le charismatique médecin allemand, Dieter Krombach, même à cet instant, tente de séduire. Encore. Même la juge ! Bamberski sait que c’en est fini de Krombach. Enfin, bientôt, il va pouvoir se reposer et ouvrir une nouvelle page de son existence. La juge reprend la parole. L’accusé, se lève et écoute son verdict : « Dieter Krombach, vous êtes jugé coupable, condamné à 15 ans de prison ferme… » Bamberski n’a entendu que ces mots, il ne se souvient pas de la suite, mais, dans cette salle d’audience, ivre de soulagement, son cœur chancelle. Dans le même temps, dans un autre tribunal français, André Bamberski est jugé pour enlèvement, séquestration et complicité de violences volontaires. Le plaignant est Dieter Krombach, l’assassin de sa fille. 28 mars 2011 10H15, l’heure H de notre histoire.