L'Heure HPaul McCartney is dead ?
Paul McCartney is dead ?
40 min
| Publié le 25/09/23
WKRN-FM, station radio de la ville de Détroit. Nous sommes un dimanche d’automne grisaillant. En plein cœur des Etats-Unis, la ville la plus importante du Michigan arrive tout doucement à la fin d’un cycle. Pendant des décennies, l’industrie automobile s’est installée en plein cœur de ces usines remplies d’ouvriers rêvant d’émancipation. Mais tout cela est sur le déclin. La jeunesse américaine vient de fonder l’esprit Woodstock, grâce à des groupes sortant du bois, tant Jefferson Airplane qu’un guitariste absolument remarquable, connu sous le nom de Jimmy Hendrix. Ces jeunes-là n’écoutent pas du Elvis. Non, le King fait déjà partie du passé, lui et son déhanché caractéristique. Eux, ils écoutent du rock. Du vrai. Le progressif, particulièrement. Celui des Doors, des Stones, et aussi, un peu, celui des Beatles. Ce groupe unique au monde, connu dans le monde entier pour être le quatuor le plus talentueux de l’industrie musicale, ne fait plus aucun concert depuis quelques années, pour se concentrer sur la production d’albums studios. Le dernier vient de sortir et il s’appelle Abbey Road. Une machine à tubes. Depuis le 12 septembre, Russ Gibb, animateur radio, ne passe que ça. Seul dans son petit studio, comme tous les dimanches après-midi, il fume une clope et attend la fin de la piste Octopus’s Garden. Il l’adore. Un rythme envoûtant, une ligne de guitare enivrante, c’est le pied. Le standard téléphonique le prévient qu’un auditeur souhaite lui parler au sujet des Beatles. En particulier de la pochette de l’album. Et de Paul McCartney, iconique bassiste que plus personne n’a besoin de présenter. « Tu vas voir, ça va être fou ! » lui avait dit Nancy, la petite standardiste aux cheveux auburn. Derrière ses grosses lunettes rondes et noires, le jeune animateur attend donc ce qui semble être la révélation de l’année. Il ne devrait pas être sarcastique, car il est très loin d’imaginer ce qui l’attend. Nous sommes le 12 octobre 1969, les feuilles mortes recouvrent toits et fenêtres de la ville industrielle de Détroit, et bientôt une bombe va exploser aux oreilles des auditeurs. Il est 15h30, et c’est l’heure H de mon histoire.