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La Première

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Histoire

L'Heure H

Le blackout new-yorkais comme mythe fondateur du hip-hop

40 min

| Publié le 25/09/23

Nous sommes le 13 juillet 1977, il est 21h34. Dans le quartier Nord de Manhattan, proche de cette zone qu’on appelle le South Bronx, une rumeur commence à parcourir les rues. Il se pourrait bien qu’un orage finisse par rafraîchir l’air insurmontablement chaud qui restreint les moindres déplacements des habitants. En effet, depuis quelques semaines, une chaleur étouffante frappe la ville, atteignant, ce 13 juillet dans l’après-midi, les 100 degrés fahrenheit, soit 35 degrés Celsius. Quelques têtes réapparaissent à partir de 20 heures, lorsque la chaleur redescend un peu. Les pelouses de Central Park se remplissent alors de familles venues respirer un peu d’air pur. Dans la rue, les gosses font gicler les bouches à incendies pour s’arroser et rafraîchir l’asphalte encore brûlant du soleil de la journée. Soudain, un immense nuage noir émerge des brumes de chaleur pour surplomber la ville entière. On entend alors une première détonation, un coup de tonnerre qui secoue toute la métropole, du Bronx jusqu’à Staten Island. De cet immense cumulus menaçant jaillit alors un éclair étincelant, qui frappe le centre de Manhattan. Puis d’un instant à l’autre, l’obscurité totale. Plus un lampadaire, plus une lumière de restaurant, ni même le son d’un climatiseur accroché à une fenêtre. Sous l’effet de la foudre, toutes les grandes stations électriques alimentant la ville ont grillé, l’une après l’autre. En à peine quelques secondes, la ville se retrouve complètement plongée dans la pénombre. La plus grande métropole nord-américaine, qu’on aperçoit normalement rayonner jusqu’en Virginie par ses buildings et ses ponts, s’est faite éclipser. La ville qui ne dort jamais se retrouve soudainement contrainte au repos. New-York, le 13 juillet 1977, il est 21h34 : c’est l’Heure H de mon histoire.